Thèse soutenue

Impact de Caulerpa racemosa var. Cylindracea (Caulerpales, Chlorophyta) sur les communautés macrophytiques en Méditerranée nord-occidentale

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Auteur / Autrice : Judith Klein
Direction : Marc Verlaque
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biosciences de l'environnement, chimie et santé. Milieu marin
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Océanologie (Marseille)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Dans le Golfe de Marseille, l’espèce introduite invasive Caulerpa racemosa var. Cylindracea, originaire de l’Australie du sud-ouest, a été découverte en 1998. Actuellement, elle colonise de larges surfaces sur tous les substrats, de la surface à 40 m de profondeur, à l’exception des herbiers denses de Posidonia oceanica. Dans la rade sud, elle domine largement les communautés macrophytiques sur matte morte de P. Oceanica et sur le Détritique Côtier. Sur la matte morte, C. Racemosa a présenté une régression totale en hiver 2002/2003. Depuis, ses populations persistent toute l’année avec un maximum de développement en automne et une régression plus ou moins marquée en hiver. Dans le Détritique Côtier, elle se maintient toute l’année avec un pic de développement en début d’été et des biomasses inférieures à celles mesurées sur matte morte. La présence de prairies denses de C. Racemosa entraîne des changements importants et similaires dans les communautés macrophytiques des deux communautés : le nombre d’espèces, la couverture, la diversité et l’équitabilité sont diminués et la structure des communautés est altérée. C. Racemosa entre en compétition avec les espèces dressées et filamenteuses, notamment avec les autres espèces invasives présentes dans la région (principalement Asparagopsis armata / ‘Falkenbergia rufolanosa’ et Womersleyella setacea) dont elle réduit fortement l’abondance. Dans les deux communautés, les variations saisonnières de la diversité et de l’équitabilité sont inversement corrélées au développement de C. Racemosa, avec des valeurs minimales lors de son maximum de développement et des valeurs maximales lors de sa régression hivernale. Sur matte morte, le nombre d’espèces et la biomasse les plus élevés ont été observés sur des prairies âgées de C. Racemosa. Cette végétation épiphyte disparaît avec la chute des frondes de C. Racemosa. En contraste avec les zones de référence, des fluctuations pluriannuelles importantes des paramètres descriptifs ont été notées dans les communautés de matte morte envahies témoignant de la nécessité d’élargir l’échelle temporelle des études d’impacts des espèces invasives. La disparition naturelle de C. Racemosa en hiver 2002/2003 n’a pas permis aux communautés macrophytiques de se rétablir complètement, seule une légère amélioration s’est manifestée au niveau de certains paramètres descriptifs, confirmant l’incidence négative de C. Racemosa sur la végétation. Malgré une éradication expérimentale de 18 mois, pendant laquelle C. Racemosa a été enlevée manuellement tous les mois, le rétablissement complet des communautés macrophytiques n’a pas non plus été observé. Au contraire, cette éradication a favorisé en priorité le développement d’autres espèces invasives, surtout la Rhodophyta filamenteuse Womersleyella setacea. Seule la diversité et l’équitabilité ont atteint des niveaux comparables à la référence. Au terme de l’expérience, C. Racemosa était toujours présente sous forme de régénérations (sans doute à partir de fragments ayant échappé à l’éradication) illustrant les difficultés du contrôle mécanique de l’espèce en Méditerranée. 16 ans après sa découverte en Méditerranée, Caulerpa racemosa var. Cylindracea est déjà présente dans 12 pays. Compte tenu de l’étendue des surfaces concernées et de son comportement hautement invasif, elle est responsable d’un changement global d’écosystèmes ce qui la range parmi les pires macrophytes introduits à ce jour en Méditerranée. Sa prise en considération à une échelle internationale apparaît comme une priorité dans le cadre de la gestion des écosystèmes côtiers.