Thèse soutenue

Contribution de la sérotonine au développement et au fonctionnement des réseaux locomoteurs spinaux chez le rat nouveau-né

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Auteur / Autrice : Faïza Ben Mabrouk
Direction : Laurent Vinay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université d'Aix-Marseille II. Faculté des sciences (1969-2011)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La locomotion (marche, vol, nage…) est un comportement primordial à la survie des espèces animales. Elle permet d’échapper à d’éventuels prédateurs, de rechercher de la nourriture, de se reproduire. . . Cette activité motrice rythmique est générée par des réseaux de neurones, appelés Central Pattern Generator (CPG) par les anglo-saxons, localisés au niveau de la moelle épinière. Chez le rat, la maturation des CPG lombaires responsables de la motricité des pattes postérieures se produit durant la période périnatale, au moment où les voies sérotoninergiques, provenant des noyaux du raphé, commencent à innerver l’élargissement lombaire. Les études entreprises au cours de cette thèse ont eu pour but de déterminer le rôle de la sérotonine (5-HT) dans le développement et l’expression de la locomotion. Les expériences ont été réalisées in vitro sur une préparation de tronc cérébral et moelle épinière de rat, foetal (E20) et nouveau-né (P0 à P4). Au moyen de techniques d’électrophysiologie et de pharmacologie, nous démontrons qu’à la naissance, l’application d’une concentration minimale de 14μM de NMA (un agoniste des récepteurs glutamatergiques) est nécessaire à la genèse d’une activité locomotrice fictive. Cette dernière se définit par une succession d’alternances entre les bouffées de potentiels d’action enregistrées sur les racines ventrales lombaires segmentaires droites et gauches (D/G) et entre les bouffées flexogènes et extensogènes enregistrées respectivement sur les racines lombaires 3 et 5 (L3/L5). Par contre, à E20, quelle que soit la concentration de NMA utilisée, seules les coordinations D/G sont présentes. Bien que la 5-HT ne soit pas nécessaire à l’induction d’une activité motrice rythmique, elle joue un rôle déterminant dans sa stabilité. La 5-HT ralentit l’activité locomotrice en diminuant à la fois la durée des bouffées et la période du rythme. Elle entraîne également une augmentation de l’amplitude de ces bouffées. Ces effets sur le rythme mettent en jeu les récepteurs 5-HT1A (R-5-HT1A) et 5-HT7 (R-5-HT7). Par contre les R-5-HT2A ne semblent pas impliqués dans cette modulation. La 5-HT intervient aussi dans l’expression d’un patron locomoteur au cours de la période périnatale. En effet, elle permet d’une part l’apparition à E20 de l’alternance L3/L5 et, d’autre part, le renforcement des coordinations D/G et L3/L5, après la naissance. De plus, la diminution de l’importance fonctionnelle de la 5-HT endogène chez les nouveau-nés, soit par l’inhibition de sa synthèse (par le PCPA), soit par le blocage spécifique de certains de ses récepteurs (R-5-HT1A, R-5-HT2A et R-5-HT7), désorganise fortement le patron locomoteur induit par le NMA. Chez l’animal PCPA, l’ajout de 5-HT restaure l’activité locomotrice fictive. Les enregistrements intracellulaires réalisés in vitro chez le nouveau-né, en présence d’antagonistes des récepteurs glutamatergiques (CNQX et AP5), montrent une modulation différentielle, par la 5-HT de l’inhibition reçue par les motoneurones lombaires (MN-L). En effet, le blocage des R-5-HT1A augmente l’inhibition reçue par les MN-L, alors que le blocage des R-5-HT2A la diminue. La 5-HT renforcerait donc les coordinations locomotrices, en contrôlant finement à la fois les propriétés de membrane des motoneurones et des interneurones du CPG lombaire et le poids des synapses inhibitrices sur ces neurones. On a attribué jusqu’à présent aux structures supraspinales un rôle de modulateur de la locomotion (déclenchement, arrêt…), leur importance dans l’élaboration d’un patron locomoteur avait été peu considérée. Ce travail de thèse démontre qu’au cours de l’ontogenèse les voies descendantes provenant du tronc cérébral, et plus particulièrement les projections sérotoninergiques raphé-spinales, sont indispensables à l’expression des coordinations locomotrices.