Thèse soutenue

Le droit entre raison et déraison : contribution à l'étude du rôle de la raison dans la pratique judiciaire
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Auteur / Autrice : Pascal Markhoff
Direction : Philippe Le Tourneau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Toulouse 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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" Si Dieu est mort, tout est permis ", disait Dostoïevski. Or, la connaissance révélée est exclue du système juridique : pas d'arbitrage divin, pas de preuves surnaturelles. La dévolution du pouvoir de juger à la seule raison s'avère toutefois chaotique et problématique : aux ordalies succède la torture, et l'incertitude demeure. Pire, un usage juridique raisonnable des jugements de Dieu s'avère possible et leur disparition ne constitue dès lors une condition ni suffisante, ni nécessaire au triomphe de la vérité, de la raison. C'est pourtant à la raison qu'il incombe dorénavant de juger. Or, le droit n'est ni rationnel, ni conçu comme un système rationnel. Il demeure essentiellement raisonnable, sans que raisonnable de vraisemblance et raisonnable contextuel ne puissent toutefois permettre de le définir positivement, le juge devant parfois exclure une solution raisonnable. Seule une définition négative du droit demeure par conséquent envisageable : le droit rejette la contradiction et, partant, l'irrationnel. Mais ce rejet ne se conçoit que d'un point de vue synchronique : dans une perspective diachronique, seul le déraisonnable permet de définir le non droit. Mieux, l'irrationnel n'étant rejeté que parce qu'il est jugé déraisonnable, ce dernier constitue le véritable critère du non droit. Et si le signifiant est connu – le déraisonnable –, le signifié (son contenu) varie. L'existentialisme juridique qui en résulte nous rend alors collectivement et individuellement responsables de notre droit, de son actualité et de son devenir : la reconnaissance de cette angoissante liberté devient ainsi la condition nécessaire pour affronter la question du sens et de la fin du Droit.