Thèse soutenue

Que la scène commence

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Magali Guiet
Direction : Philippe Lacoue-Labarthe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Strasbourg 2
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université des sciences humaines. UFR Philosophie, linguistique, informatique et sciences de l'éducation (Strasbourg)

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Que la scène commence. Qui est le sujet de cette phrase ? A qui s'adresse-t-elle, d'où provient-elle ? Lorsqu'on l'entend prononcer, on attend déjà : les trois coups du brigadier, le lever de rideau, que quelque chose se passe, là devant nos yeux -spectacle ou théâtre-. La "scène" -comme espace privilégié de la représentation- est la question du "théâtre" : espace du sens, théorie, espace du jeu, drame, espace social, politique, espace cultuel, liturgie, espace de temps, histoire, espace de mort, tragédie. . Mais ce n'est pas tout : sur scène se joue la forclusion. Avec Schiller, la métaphysique du propre érige de nouveau des figures de la "véritable humanité" (peuple, génie, homme viril -tout un certain Geschlecht). Il est de nouveau décidé de la mimesis ; fatalement, au nom d'une surenchère de sens, la forclusion des représentants itinérants de l'altérité est répétée. Les "animaux", les "passifs", les "simples Hébreux", les "imposteurs", les "pseudo-comédiens", les "dégénérés" (mères et fils indignes), les "fous furieux", les "filles de rien", tous sont communément exclus, tous sont les monstres "délogés" de la scène comme de la vie" (Schiller). Mais alors, où ces gens-là ne se trouvent-ils pas ? Leur type, pourtant, n'existe pas, mais il hante assurément quelque fantasme propriétaire. Mais c'est en réalité que les représentants de la représentation (du simulacre, du faux-semblant, de la menace de la répétition du déclin) en sont marqués, chassés, déplacés, déportés, marginalisées, sacrifiés, etc. , que tous ces gens-là sont expédiés dans l'autre monde, là où nulle habitation n'est jamais possible. L'assujettissement qui se joue sur la scène du "grand destin de l'humanité" emporte ces victimes pour que la véritable scène commence. Pour rien au monde il ne faut servir, accomplir et accompagner le pire qu'annonce et prescrit la métaphysique du propre. Dans l'espace de ce monde-ci, obligation nous est faite de faire tout un monde.