Etude de la thermorégulation en mer chez le manchot royal : Mécanismes et conséquences énergétiques
Auteur / Autrice : | Alexander Schmidt |
Direction : | Yves Handrich |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et biologie des organismes, populations, interactions |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008) |
Mots clés
Résumé
L’objet de cette thèse est de comprendre les stratégies de thermorégulation adoptées par un oiseau plongeur pélagique, le manchot royal (Aptenodytes patagonicus). La mesure de la température de différents tissus profonds et périphériques a permis de mettre en évidence l’alternance de deux stratégies de thermorégulation distinctes en relation avec l’activité en mer. Pendant les phases inactives en surface, les tissus étudiés ont une température normothermique et stable, à l’exception de la peau de la patte. Pendant les phases de plongée alimentaire, la région limitée autour du cœur reste normothermique. Les autres tissus montrent une modulation de leur température pendant la plongée, dont le muscle pectoral (-3°C) et les tissus abdominaux (-2 à -9°C). Au niveau des échanges caloriques, ces deux stratégies sont paradoxales sous certains aspects. D’une part, en surface les températures périphériques élevées sont responsables d’importantes pertes caloriques et nécessitent le maintien d’une dépense énergétique importante (estimée grâce à la mesure de la fréquence cardiaque) pour compenser ces pertes. D’autre part, au cours de la plongée, la mise en place d’une vasoconstriction périphérique efficace, pour limiter les pertes caloriques, est retardée. Ce travail a aussi mis en évidence des épisodes de thermolyse active, démontrant ainsi que la baisse des températures corporelles n’était pas uniquement la conséquence d’un environnement contraignant, mais que celle-ci était aussi le résultat d’ajustements vasculaires favorisant les pertes caloriques. Ce travail suggère que la perfusion des tissus périphériques en surface est associée à un coût énergétique important, mais obligatoire pour permettre la reconstitution des réserves lipidiques sous-cutanées. Pendant la plongée, l’oiseau profite potentiellement du report du coût de la thermorégulation et du ralentissement du métabolisme des tissus froid pour diminuer son métabolisme total, et augmenter son autonomie en apnée.