Thèse soutenue

Biosynthèse de la cystéine et de la méthionine chez le champignon phytopathogène Magnaporthe grisea : Analyse de la méthionine synthase et des enzymes de la voie de transsulfuration

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Auteur / Autrice : Marie-Emmanuelle Saint-Macary
Direction : Michel Roux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Pau

Mots clés

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Résumé

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Les champignons filamenteux pathogènes sont à l'origine de maladies dévastatrices des cultures. Des études récentes suggèrent que les champignons présentent un besoin en composés soufrés pour leur développement sur la plante. La voie de biosynthèse des acides aminés soufrés est complexe et se compose à la fois des enzymes appartenant au métabolisme défini chez les plantes et chez Saccharomyces cerevisiae. Les champignons filamenteux synthétisent le précurseur de la méthionine, l'homocystéine, à partir de cystéine par la voie de transsulfuration directe (modèle plante) mais catalysent également la synthèse de cystéine à partir de l'homocystéine par les enzymes de la voie de transsulfuration inverse (modèle S. Cerevisiae). L'étape finale de biosynthèse de méthionine, catalysée par la méthionine synthase, est commune à tous les organismes. Afin de clarifier le rôle de la biosynthèse de la méthionine dans le processus infectieux, un mutant nul pour le gène de la méthionine synthase a été créé chez Magnaporthe grisea. Ce mutant est auxotrophe pour la méthionine et est incapable de développer des lésions sur feuilles intactes ou blessées. En particulier, ce mutant est incapable de développer les hyphes d'infection nécessaires à la pénétration de la plante. Le processus infectieux est restauré par l'addition de méthionine exogène ou après complémentation par le gène de la méthionine synthase. Les champignons filamenteux pathogènes nécessitent donc une synthèse de novo de méthionine pour initier leur cycle infectieux. L'analyse biochimique des mutants nuls indiquent que l'absence de la méthionine synthase s'accompagne d'une modification profonde des pools de métabolites soufrés. En particulier, les taux de glutathion, de glutamate, de sérine et de lysine chutent pendant que l'homocystéine, le Sadénosylhomocystéine et la cystathionine s'accumulent. Ces résultats indiquent que l'augmentation d'homocystéine est détoxiquée par la voie de transsulfuration inverse mais ne peut aboutir à la conversion en cystéine. D'autre part, ces données suggèrent une inter-régulation entre la biosynthèse de méthionine et celle du glutamate. Chez les champignons filamenteux, la voie de transsulfuration directe est décrite comme la voie majoritaire de synthèse de méthionine. Cette hypothèse a été validée par la création d'un mutant nul pour le gène codant la cystathionine gamma-synthase 1 (CGS1) de M. Grisea. Néanmoins, ce mutant ne présente qu'un fort retard de croissance sur milieu minimum conduisant à une pathogénie retardée et réduite. Ces résultats confortent l'hypothèse d'un besoin de synthèse de méthionine pour l'infection mais indiquent également l'existence d'une (ou plusieurs) voie(s) supplémentaire(s) permettant ce contournement métabolique. Deux gènes peuvent être à l'origine de cette reprise de croissance : un gène codant un homologue de la CGS1, appelé CGS2, et le gène codant l'homocystéine synthase (HCS1), enzyme permettant la sulfhydrylation directe d'une molécule en C4 pour former de l'homocystéine. Les mutants nuls pour les gènes CGS2 et HCS1 sont prototrophes et totalement pathogènes sur plantes. De plus, le double mutant pour les gènes CGS1 et CGS2 présente un phénotype de croissance et une pathogénie similaire à celles du mutant simple cgs1. La CGS2 n'est donc pas impliquée dans le contournement métabolique révélé dans le mutant cgs1. En revanche, le double mutant pour les gènes CGS1 et HCS1 présente un phénotype auxotrophe et l'évaluation du pouvoir pathogène est en cours de réalisation. Toutefois, ces résultats préliminaires démontrent que le contournement métabolique observé chez le mutant pour le gène CGS1 serait le résultat de l'activité de la voie de sulfhydrylation directe catalysée par la protéine HCS1. Au vu du rôle physiologique de la voie directe dans la biosynthèse de la méthionine chez M. Grisea, la voie de transsulfuration inverse a été étudiée. Le mutant nul pour le gène CGL1 codant pour la cystathionine gamma-lyase est prototrophe et pathogène sur plante. Néanmoins, l'analyse biochimique de ce mutant révèle une forte accumulation (40 fois) de cystathionine dans la cellule fongique et suggère un rôle de la voie inverse dans le catabolisme de l'excès d'homocystéine. De plus, le mutant pour la CGL1 présente d'importantes difficultés à sporuler indiquant un rôle de cette voie pour la biosynthèse de cystéine au cours de la sporulation.