Genres de la mise en scène de soi : les ''autographies'' de Jean-Jacques Rousseau
Auteur / Autrice : | Pascale Delormas |
Direction : | Dominique Maingueneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage. Analyse du discours |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Chiss, Isabelle Laborde-Milaa, Alain Rabatel |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-François Perrin |
Mots clés
Résumé
La recherche porte sur une catégorie discursive transverse à divers genres, ''l'autographie''. Le corpus est constitué de trois oeuvres de Rousseau : les Confessions, les Dialogues, les Rêveries. La perspective adoptée est celle de l'analyse du discours, qui s'efforce d'articuler construction du sujet, fonctionnements textuels et institutionnels. Pour ''exister'' dans la communauté discursive des philosophes dont il est tout à la fois membre à part entière et dissident, Rousseau procède à une mise en scène de soi discursive où gestes et textes sont indissociables. C'est en construisant des scènes d'énonciation originales que Rousseau atteint cet objectif. L'étude se développe en trois étapes. Les approches de l’« autobiographie » littéraire et des « ego-documents » sociologiques sont d’abord présentées et évaluées. On s’intéresse ensuite à la démarche de Rousseau, pour montrer comment se construit discursivement son positionnement dans la communauté de la Nouvelle République des Lettres, à travers des scénographies qui inscrivent ses œuvres dans l’interdiscours et dessinent un ethos paratopique. Les marques linguistiques de l’énonciation d’un je multiple, les modalités de prise en charge de sa propre parole et de celle d’autrui, les actes illocutoires indirects sont examinés. Ainsi s’élabore une figure hors norme, celle d’un réprouvé, victime d’un malentendu général. Enfin, la dernière partie montre comment, loin de dévoiler la personne, les autographies de Rousseau, à travers la « « captation » du genre de la Vie de philosophe et le recours systématique au paradoxe, s’y refusent. Plus que le lieu d’une quelconque expression de soi, ces autographies aspirent à être entendues comme des « discours constituants ».