Thèse soutenue

L'espace social de la pauvreté : l'exemple des comportements alimentaires dans la zone du Grand Dakar

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Auteur / Autrice : Mansor N'Diaye
Direction : Pierre-Philippe Rey
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

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Résumé

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Qu'est-ce que la pauvreté ? La première réponse pourrait être le manque, ceci est vrai mais insuffisant pour comprendre le vocable. Un accord de façade s'est fait sur la dimension négative car qui dit pauvreté pense au vocabulaire connexe d'exclusion, de précarité, de malheur et de souffrance. Mais que savons-nous réellement des pauvres ? Très peu de choses, sinon les clichés des experts, de certains hommes politiques et l'imprécision des universitaires. Bien des analystes n'arrivent pas à se défaire des visions idéologiques (implicites) récurrentes à la connaissance des pauvres. Ces derniers sont, avant tout, des êtres sociaux déterminés par un milieu (avec des codes culturels) et obéissant à des valeurs. Le fait marquant, ce n'est pas la condition sociale des pauvres mais l'état social qu'ils incarnent, c'est-à-dire l'univers dans lequel baignent les pauvres et sans lequel ils ressemblent à un "poisson hors de l'eau". Pour paraphraser N'Diaye Makhtar, nous dirons que c'est moins le revenu par tête qui nous intéresse que la tête qui produit ce même revenu. Par-delà un simple regard sur le vécu des pauvres, ce travail se veut un éclairage sur l'espace social. Ce dernier, en instaurant une place à chacun, détermine les conditions d'existence des ménages et recrée la structuration de la société. En utilisant l'outil alimentaire, nous allons essayer de montrer comment les inégalités sociales accrues finissent par diviser la société en deux classes distinctes (classe pauvre et classe non pauvre). Le référent à la "classe" apparaît finalement comme une carte routière, une grille de lecture de la réalité, qui fournit balises et repères à la conduite des pauvres. Dans un imaginaire social fortement marqué par la hiérarchisation fondée sur l'économie, la classe pauvre (moyens et grands pauvres) veut conserver une certaine originalité sénégalaise se traduisant par des réflexes nationalistes. Cette classe pauvre se retourne vers les valeurs de société traditionnelle, vers le local, ce qui permet de relativiser la dimension négative de la pauvreté.