Thèse soutenue

Implication d'une forme d'hCG anormale et de son récepteur (R-LH/CG) dans le développement placentaire lors d'une grossesse associée à une trisomie 21

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Auteur / Autrice : Guillaume Pidoux
Direction : Jean-Louis Frendo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie du développement et différenciation fonctionnelle
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Le développement du placenta humain lors d'une grossesse associée à une trisomie 21 est caractérisé par différentes anomalies, conduisant notamment à un défaut de formation et de fonctionnalité du syncytiotrophoblaste. Le syncytiotrophoblaste, qui provient de la fusion et de la différenciation des cytotrophoblastes, joue un rôle essentiel dans le maintien de la grossesse en assurant le transport des nutriments indispensables au développement fœtal et en sécrétant dans le sang maternel les hormones de la grossesse comme l'hCG. Les cytotrophoblastes issus de placentas trisomiques fusionnent peu ou avec un certain retard et le syncytiotrophoblaste résultant est à l'origine d'une synthèse et d'une sécrétion d'hCG diminuée, anormalement glycosylée et biologiquement moins active par rapport aux cellules issues de placenta normal. Cependant, lors d'une grossesse associée à une trisomie 21, l'hCG est retrouvée augmentée dans le sang maternel. Nous sommes donc confronté à un paradoxe: d'un côté une synthèse d'hCG diminuée et de l'autre, un taux sérique maternel augmenté. Nous avons montré que ce paradoxe ne s'explique pas par une anomalie de clairance de l'hCG anormalement glycosylée, ni par une augmentation de sa demi-vie plasmatique après expulsion du placenta. Il semblerait donc qu'il existe une élimination anormale de l'hCG par le placenta dans les grossesses affectées par une trisomie 21. Pour mieux comprendre le défaut de formation du syncytiotrophoblaste observé dans les cellules trophoblastiques trisomiques et le paradoxe observé entre la faible production d'hCG et son taux sérique maternel anormalement élevé, nous avons étudié la fonctionnalité et l'interaction de l'hCG anormale avec son récepteur (R-LH/CG). Nous avons montré pour la première fois que l'expression du R-LH/CG est régulée au cours de la différenciation trophoblastique. De plus, nous avons caractérisé d'un point de vue biochimique et moléculaire le R-LH/CG dans les cytotrophoblastes trisomiques, montrant qu'il existe une très nette diminution de l'expression de la forme mature du R-LH/CG dans les cellules trophoblastiques trisomiques. L'utilisation de RNAi inhibant spécifiquement l'expression du R-LH/CG dans les cytotrophoblastes normaux, nous permet de mimer le phenotype observé dans les cellules trophoblastiques trisomiques (le défaut de formation syncytiale). Mais plus intéressant, nous avons montré que le défaut de différenciation observé dans les cellules trisomiques est réversible par l'action d'une hCG recombinante fonctionnelle, entraînant la fusion et la différenciation des cytotrophoblastes issus de grossesses associées à une trisomie 21. L'ensemble de nos travaux montre que la diminution de l'expression du R-LH/CG associée à une hCG anormalement glycosylée et biologiquement moins active semble être impliquée dans le défaut de formation syncytiale et dans le recaptage de l'hormone par le placenta, permettant alors d'expliquer le paradoxe de l'hCG dans la trisomie 21.