Thèse soutenue

Une identité nationale à l'épreuve de son héritage : la réinvention de Shakespeare sur la scène littéraire américaine (1798-1857)

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Auteur / Autrice : Ronan Ludot-Vlasak
Direction : Philippe Jaworski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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La littérature américaine qui émerge dans la première moitié du XIXe siècle cherche à s'affranchir des modèles esthétiques européens. Elle ne cesse pourtant de faire référence à Shakespeare - incarnation même du génie britannique depuis le XVIIIe siècle. Ce travail, qui s'inscrit à la croisée de l'analyse intertextuelle et de l'histoire des idées, cherche à articuler cet intertexte shakespearien et l'émergence d'une littérature nationale américaine afin de montrer dans quelle mesure celle-ci se construit en réinventant l'œuvre du dramaturge élisabéthain. Au début du XIXe siècle, le recours à Shakespeare permet à Charles Brockden Brown, Joseph Dennie et Washington Irving d'interroger et de mettre en mots l'expérience américaine. Avec des textes aux accents nettement plus nationalistes, les enjeux du recours à Shakespeare prennent une tournure politique : dans leur souci de rompre avec l'héritage européen, dramaturges et essayistes peinent à réinventer les modèles shakespeariens. A travers l'étude de Moby-Dick, Pierre et L'escroc à la confiance, l'exemple de Melville permet, quant à lui, d'explorer un parcours individuel et de voir comment les modalités d'une réinvention de Shakespeare évoluent et offrent la possibilité à l'auteur de faire advenir sa propre écriture tout en engageant une réflexion sur la notion d'originalité littéraire. Loin de constituer un acte d'imitation, le recours à Shakespeare ne suscite donc pas nécessairement une angoisse de l'influence, et cette référence commune met en lumière la diversité d'une scène littéraire émergente.