La Côte d'Ivoire au défi de l'altérité : migrations du Soudan-Mali en Côte d'Ivoire et constructions d'une conscience ivoirienne
Auteur / Autrice : | Daouda Gary-Tounkara |
Direction : | Catherine Coquery-Vidrovitch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Résumé
La présente thèse analyse les migrations du Soudan-Mali vers la Côte d'Ivoire de 1903, date du début de l conquête de la riche Côte d'Ivoire forestière, à 1980, date de la fin de la longue période de prospérité économique ivoirienne. Elle examine les politiques migratoires et la diversification des flux migratoires entre les deux pays. Ces flux s'inscrivent en définitive dans le contexte plus large du processus migratoire ancien reliant la vallée du fleuve Niger à I; Côte d'Ivoire, les migrants soudanais/maliens recherchant en zone forestière à la fois du travail, des terres et des noix de colas. La thèse analyse également les conditions de circulation et de séjour des migrants soudanais/maliens en Côte d'Ivoire : après la conquête, les alliances matrimoniales et professionnelles nouées entre les migrants et les autochtone se sont renouvelées. Mais les constructions identitaires du pouvoir colonial puis du président Félix Houphouët-Boigny opposant les autochtones aux migrants (''auxiliaires'' coloniaux contre résistants à la conquête, ''originaires'' contre ''étrangers'', ''riches'' contre ''pauvres''. . . ) ont toutefois favorisé un rejet des migrants par les autochtones ainsi que de conflits identitaires. Au final, la thèse montre comment la gestion politique et la perception de l'immigration malienne en Côte d'Ivoire constituent un élément moteur parmi d'autres du processus de rejet de l'État par les Ivoiriens de 1903 à 1980 : ce rejet relève moins de la xénophobie que d'une contestation croissante de l'État. La présente étude contribue ainsi à mettre en lumière les racines historiques du nationalisme ivoirien et de l'ivoirité dans sa nuance xénophobe