La chevelure féminine dans la littérature médiévale : contribution à l'analyse des stéréotypes
Auteur / Autrice : | Myriam Rolland-Perrin |
Direction : | Michelle Szkilnik |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue, littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Mots clés
Résumé
La chevelure est un attribut féminin sur lequel le poète médiéval aime à s’attarder, qu’il en condamne la blanche décrépitude, la maligne rousseur, l’inquiétante noirceur ou le répugnant hirsutisme ou, plus fréquemment, qu’il en vante la beauté. Cet éloge s’exprime notamment grâce à un rapprochement récurrent entre la lumineuse couleur des cheveux et l’or, selon des formulations proches mais jamais identiques. Cerner au niveau de la phrase le mode de fonctionnement de ces stéréotypes linguistiques et leur éventuelle remotivation par le contexte diégétique permet de saisir leurs multiples variations et d’appréhender la poétique propre à chaque auteur. De même, la longueur, qui à la fin du Moyen Âge supplante la blondeur comme emblème de la beauté capillaire, est dite en des termes récurrents qui suggèrent l’image d’une chevelure-vêtement. Au niveau plus large du paragraphe, la chevelure constitue l’élément central d’épisodes variés : elle est malmenée voire arrachée en signe d’affliction, coupée pour signifier la soumission à un ordre supérieur, tirée en guise d’humiliante punition mais aussi amoureusement donnée ou langoureusement coiffée. Il s’agit donc de mettre en évidence l’organisation des constituants de ces stéréotypes narratifs afin d’en repérer les transpositions. Des œuvres entières – ou de longs fragments – ont pour soubassement un des stéréotypes précédemment évoqués qu’elles amplifient à l’extrême de sorte qu’ils deviennent le ressort de l’intrigue. Du long cheveu d’Iseut qui lance la quête de Tristan à la manipulatrice héroïne du fabliau Les Tresces, en passant par le fil d’or de Soredamor et l’adoration idolâtre d’une poignée de cheveux de la reine par Lancelot, la relecture de ces textes à travers le prisme de la chevelure révèle la perception d’une féminité puissante, parfois menaçante, et interroge sur le processus d’engendrement de l’écriture.