L'expérience du déjà-vu dans l'oeuvre de Leos Carax
Auteur / Autrice : | Alban Pichon |
Direction : | Jean-Louis Leutrat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuelles |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans l'œuvre de Leos Carax, la mémoire cinéphilique participe d'une plus vaste expérience de déjà-vu dans laquelle spectateurs et personnages partagent une même sensation de reconnaissance. Les réminiscences littéraires ou cinématographiques, les régularités de la filmographie, la mise en scène des rencontres amoureuses relèvent toutes d'un phénomène de mémoire comparable à la paramnésie : le présent semble répéter le passé (ou répondre à une prédestination), mais la reconnaissance peut s'avérer trompeuse. Les citations, explicites ou implicites, migrent sous diverses formes ; leur relevé s'inscrit dans une quête fantasmée des origines, elles échappent parfois au plein entendement en ouvrant sur une interprétation infinie. Entre illusion et répétition, elles révèlent pourtant une large présence du cinéma passé cohérente avec le thème de la mémoire développé par les films – mémoire qui prend parfois la forme d'une proposition d'histoire du cinéma. Les constantes de l'œuvre et le dédoublement qui gagne les films nourrissent également la sensation de déjà-vu. Cette logique de multiplication contredit les attentes des personnages : alors qu'ils recherchent la singularité, le récit et la mise en scène les confrontent à la répétition ou à la confusion. En suggérant l'impossibilité de leurs aspirations, le déjà-vu – d'abord relatif à la seule perception – aboutit donc à un scepticisme fondamental. Néanmoins, ce doute inhérent à la paramnésie dépasse le seul constat d'échec : le déjà-vu a sa propre vérité, esthétique et fantastique.