Thèse soutenue

L' Evolution du traitement et des représentations de l'amitié au moment de la montée de la crise révolutionnaire : de 1770 à la Révolution française

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Auteur / Autrice : Céline Sottejeau
Direction : Geneviève Haroche-Bouzinac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures françaises
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Orléans

Résumé

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En 1770 paraît ''Les Deux amis de Bourbonne'' de Denis Diderot. Ce conte, écrit en réponse à trois oeuvres sur les ''deux amis'' publiées la même année, a pour ambition de venger une amitié qui aurait été bafouée. Cette controverse intrigue : d'où viennent ce goût pour l'amitié et cette affliction à la voir malmenée ? Le sentiment amical a vivement intéressé les lettrés de la fin du XVIIe siècle et ceux du XVIIIe siècle. Un grand nombre de traités sur le sujet l'atteste. L'admiration portée aux auteurs et aux idées de l'Antiquité n'y est sans doute pas étrangère. Nous nous situons avec cette étude entre tradition et rupture. Les philosophes des Lumières se réapproprient le concept de philia si cher à Aristote. Ils en font le héraut de leur idéal de morale laïque. Toutefois, l'amitié est aussi un thème littéraire. Les inquiétudes de Diderot quant à son traitement dans la littérature semblent fondées. La place occupée par l'amitié dans la production romanesque, théâtrale et poétique devient moindre, les images des amis changent. Certains acteurs de la Révolution vont lui redonner, pour un temps, ses lettres de noblesse. Dans une société qui ne cesse de réfléchir à la valeur de l'individu et à la façon d'organiser les rapports entre les hommes, l'amitié apparaît comme une vertu sociale capable de créer une cohésion entre les citoyens. Amitié et fraternité vont ainsi longtemps cohabiter. Les deux termes si proches ne sont pourtant pas tout à fait porteurs des mêmes significations. La devise républicaine de 1848 retiendra la fraternité. Pouvons-nous entrevoir les raisons d'un tel choix durant les années où se joue la Révolution ? Cette étude n'analyse pas les pratiques amicales, elle reste dans le domaine de l'idéalisation. Elle tente de présenter l'amitié telle que les hommes du XVIIIe siècle la rêvaient et non telle qu'ils la vivaient. A travers ce thème, l'évolution des mentalités d'un siècle riche en remises en cause et événements se perçoit en filigranes.