Juan Martínez Silíceo (1486 ?-1557) : une figure de la spiritualité « héroïque » de l’Espagne pré-tridentine
Auteur / Autrice : | Fabrice Quero |
Direction : | Anita Gonzalez-Raymond |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Résumé
Les biographies consacrées à Juan Martínez Silíceo (1486 ?-1557) à l’époque moderne dévoilent une personnalité que l’historiographie contemporaine a oblitérée en grande partie. D’inspiration autobiographique, l’exemplarité du personnage y repose sur l’humilité et la charité, mises en tension autour de la vertu du travail. Cette dernière, la principale, est fortement liée à la période de formation du brillant nominaliste que fut Silíceo. Les qualités originelles et l’excellence dans le monde du savoir sont le levier de sa prodigieuse ascension sociale. Ces deux facteurs fondamentaux conditionnent également la doctrine spirituelle de l’archevêque de Tolède. Elle se caractérise par un puissant intellectualisme qui regarde vers l’affermissement de la volonté du chrétien. Aussi le De divino nomine Iesus semble-t-il tourner le dos aux grandes innovations intellectuelles de l’humanisme et aux aspirations diverses au renouveau spirituel à l’aube des Temps modernes. Ses développements sur les noms divins témoignent de la vigueur de la tradition médiévale chez son auteur, et les réserves qu’il formule à l’égard de l’expérience mystique, de son attachement à la spiritualité ascétique. La spiritualité « héroïque », dans laquelle la doctrine de Silíceo s’inscrit, est ainsi une mouvance religieuse intransigeante qui accompagne la fermeture et le repli sur soi de la monarchie catholique au tournant du XVIe siècle. L’étude de certains épisodes de son ministère, à la lumière de ce système spirituel, suggère les grandes orientations autour desquelles la pensée de l’archevêque de Tolède participe de l’idéologie à la base de la construction de l’État confessionnel.