La constitution de la notion d'information : le moment cybernétique
Auteur / Autrice : | Mathieu Triclot |
Direction : | Daniel Parrochia |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie et histoire des sciences |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Mots clés
Résumé
Comment la notion d'information s'impose‐t‐elle comme un objet d'étude scientifique au tournant des années 1940‐1950, dans le mouvement cybernétique aux Etats‐Unis ? L'étude met à jour les conditions techniques, scientifiques et politiques qui président à l'émergence du discours de l'information. Elle montre comment la théorie de la communication et la théorie du contrôle ont construit une distinction entre la dimension énergétique et informationnelle de leurs phénomènes. L'analyse des textes associés à la naissance de l'informatique permet de montrer comment la problématique du traitement de l'information s'est constituée, à travers la distinction entre la machine matérielle et les programmes. L'étude révèle que la notion d'information apparaît au sein du milieu technique clivée entre une représentation comme symbole et une représentation comme signal. Si le symbole surplombe une matière indifférente, qui n'est jamais que le support passif de son inscription, le signal représente l'expression singulière d'un agencement matériel. Cette partition entre le symbole et le signal, qui constitue le lieu d'une véritable philosophie immanente au milieu technique de l'information, conduit à des programmes de recherche divergents. Les cybernéticiens, après avoir pris fait et cause pour une interprétation de l'information en termes de signal, seront brutalement supplantés, à partir du milieu des années 1950, par les tenants de l'Intelligence Artificielle. Le projet d'une conceptualisation physicaliste de l'information, via l'analogie entre information et entropie et l'extension des concepts de la mécanique statistique, apparaît comme le coeur épistémologique de la cybernétique. Cette réflexion philosophique originale conduit à la mise en place d'un programme interdisciplinaire orienté vers les sciences du vivant, de la cognition et de la société. Cette alliance résulte de l'engagement de Wiener contre la militarisation de la science américaine à l'aube de la guerre froide.