Régulation de la fonction des cellules dendritiques par les bactéries lactiques : influence du statut allergique du donneur et de l'épithélium intestinal
Auteur / Autrice : | Céline Ratajczak |
Direction : | Joël Pestel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Immunologie |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Lille 2 |
Résumé
Les cellules dendritiques jouent un rôle déterminant dans l'initiation de la réponse immunitaire. Localisées au niveau de la peau et des différentes muqueuses de l'organisme, elles forment un véritable réseau d'immuno-surveillance qui est alerté lors d'un signal de danger. Dans l'allergie, la rencontre avec l'allergène et la présence d'un environnement tissulaire produisant des facteurs pro-Th2 conditionnent la cellule dendritique pour le développement d'une réponse allergique. Cependant, au niveau intestinal, les cellules dendritiques présentes semblent aussi participer au maintien de l'homéostasie immunitaire et donc à l'état de tolérance, en particulier sous l'influence de la flore microbienne endogène. Des études cliniques rapportent un effet bénéfique des bactéries commensales comme les bactéries lactiques sur le développement des manifestations allergiques. Ces données nous ont amené à évaluer les propriétés immuno-modulatrices des bactéries lactiques en analysant leur capacité à agir sur les mécanismes intervenant dans la balance Th1/Th2. Nous nous sommes d'abords intéressés à l'effet de deux souches de bactéries lactiques, Lactobacillus plantarum et Lactobacillus casei, sur les fonctions de la polarisation de la réponse immunitaire initiée par les cellules dendritiques. La stimulation de cellules dendritiques dérivées de monocytes (MD-DC) par ces bactéries lactiques induit leur maturation, caractérisée par une expression accrue de molécules de costimulation, et une production d'IL-12 et d'IL-10. L. Plantarum est également capable d'inhiber la production de cytokines Th2 (IL-4 et IL-5) par des lymphocytes T autologues cultivés avec des MD-DC, issues de sujets allergiques, stimulées avec l'allergène Der p 1. L'effet de L. Plantarum semble correspondre à une réorientation de la réponse immunitaire puisqu'une réexposition à l'allergène des lymphocytes T initialement cultivés en présence de cette bactérie n'aboutit pas à une nouvelle sécrétion de cytokines Th2. Peu d'études ont envisagé le rôle des bactéries lactiques sur les cellules dendritiques humaines dans un environnement intestinal. Dans cette optique, nous avons analysé l'effet de la souche de bactéries lactiques L. Casei sur la réactivité de MD-DC humaines, issues de sujets allergiques et non allergiques, dans un modèle in vitro (système Transwell®) constitué d'un épithélium intestinal obtenu à partir de la lignée Caco2. Les analyses réalisées en cytométrie en flux et en microscopie confocale montrent que des MD-DC immatures capturent efficacement des bactéries marquées par un fluorochrome à travers l'épithélium intestinal. Dans ces conditions, L. Casei induit une maturation partielle des MD-DC (augmentation des CD86 et CD54) issues des deux types de donneurs. Les MD-DC provenant de sujets sains, activées par L. Casei produisent plus d'IL-10 et d'IL-12 comparativement aux donneurs allergiques. Chez les donneurs allergiques, l'assise épithéliale accroît les productions d'IL-10 et d'IL-12 induites par la stimulation des MD-DC avec L. Casei. De plus, chez les deux types de donneurs, les MD-DC stimulées par L. Casei induisent les productions d'IL-10 et d'IFN- par des lymphocytes T autologues, productions qui sont accrues en présence de l'épithélium intestinal. Ce travail de thèse a permis de mettre en évidence que les bactéries lactiques sont capables d'affecter la réactivité de la cellule dendritique lui permettant de moduler le développement de la réponse immune lymphocytaire et la production de cytokines telles que les cytokines Th2 qui caractérisent l'allergie. L'épithélium intestinal participe à cet effet modulateur. L'ensemble des interactions entre bactéries lactiques, épithélium intestinal et cellule dendritique permettrait alors de contrôler le développement de la réaction allergique.