Thèse soutenue

Intérêt et mode d'action des huiles essentielles dans l'alimentation du ruminant

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Auteur / Autrice : Virginie Noirot
Direction : Corine Bayourthe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Qualité et sécurité des aliments
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Toulouse, INPT

Résumé

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Dans le domaine de l'alimentation des ruminants, les huiles essentielles, en raison de leur pouvoir antibactérien, sont considérées de plus en plus comme une des solutions alternatives aux antibiotiques tels que les ionophores. Cette étude a pour but de caractériser les effets de deux composés aromatiques issus des huiles essentielles (CHE), l'aldéhyde cinnamique (Ac) et le carvacrol (Cv). Quatre expérimentations sont menées, avec des méthodologies différentes : in vitro en culture batch, avec des doses de 10, 100 et 1000 ppm dans le milieu, un substrat reproduisant une ration simplifiée et des durées d'incubation de 4 et 16h ; in situ où deux types de ration, l'une riche en amidon (RA), l'autre riche en fibre (RF) sont utilisées avec deux temps d'adaptation aux CHE (3 et 21 jours), et où les effets des deux CHE administrés oralement à raison de 1 g/jour/vache en période de tarissement sont mesurés sur la disparition ruminale in sacco de l'amidon de maïs, des matières azotées de différentes sources protéiques, ainsi que des glucides pariétaux de la luzerne ; un bilan nutritionnel conduit sur vaches taries recevant les deux CHE séparément (à la dose quotidienne de 1 g/vache) et en association ; et enfin, de façon contemporaine au bilan, la mesure de l'effet de l’association des deux CHE sur la production laitière et la qualité du lait. Ln vitro, il existe un seuil compris entre 100 et 1000 ppm dans le milieu qui conduit à une inhibition pratiquement totale des activités fermentaires et traduit l'effet antimicrobien des CHE. Les réponses aux doses de 10 et 100 ppm ne sont globalement pas différentes. La dose de 10 ppm, correspondant approximativement à 1 g/j/vache, a donc été retenue dans les expérimentations in vivo. Certaines réponses aux CHE témoignent d'une amélioration potentielle de l'utilisation de l'énergie. Ils diminuent in vitro la production de méthane calculée à partir des AGV après 16h de fermentation. L'Ac augmente la proportion de propionate in vitro comme in sacco après 21 jours d'adaptation; cependant ces effets ne sont pas répétés lors de la réalisation des bilans nutritionnels ; ils seraient donc observés uniquement dans le cadre de rations particulièrement riches en glucides pariétaux ou concentrées en amidon. Le Cv augmente la digestion ruminale de l'ADF mesurée par la méthode des bilans ainsi que la disparition de l’ADF de luzerne in sacco avec la ration riche en amidon, ce qui conduit, d'après les caractéristiques des rations, à associer préférentiellement ce CHE aux rations contenant un minimum de 34 % d'amidon. L'effet des CHE sur les glucides de réserve semble par contre limité, puisque l'Ac diminue la disparition de l'amidon de maïs mesurée in sacco mais de façon numériquement plus marquée à court terme, et que cet effet n'apparaît pas avec ce CHE dans le bilan de l'utilisation digestive de l'amidon. D'autres résultats traduisent une amélioration probable de l'utilisation de l'azote. Les deux CHE diminuent la concentration du N-NH3 dans le milieu de culture après 16 heures d’incubation in vitro ainsi qu'in situ avec la ration riche en amidon. Le Cv augmente l’efficacité de la synthèse microbienne mesurée dans le cadre du bilan nutritionnel, avec une ration moyenne en terme d'apports en amidon et glucides pariétaux, et plus pauvre en MAT, comparativement aux rations RF et RA utilisées in sacco. L'association de l'Ac et du Cv administrée oralement à des vaches en lactation n'a cependant pas entraîné d'effet sur la production laitière; il semble toutefois que l'utilisation métabolique de l'azote soit légèrement améliorée, comme en témoigne la diminution significative de la teneur en urée du lait. A l'instar des antibiotiques ionophores, le Cv et l'Ac semblent donc pouvoir être utilisés pour modifier la digestion ruminale, afin d'orienter le métabolisme fermentaire vers une utilisation plus efficace de l'énergie et de l'azote chez le ruminant. Les conditions dans lesquelles ils expriment les réponses les plus favorables restent toutefois à préciser, ainsi que leur effet exact sur la microflore ruminale.