Les effets des indices non-verbaux sur les activités de communication à distance : deux études expérimentales sur le dialogue tutoriel
Auteur / Autrice : | Federico Tajariol |
Direction : | Jean-Pierre Peyrin, Jean-Michel Adam, Michel Dubois |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Université Joseph Fourier (Grenoble ; 1971-2015) |
Mots clés
Résumé
Notre travail s'insère dans le domaine de la communication audio-vidéo médiatisée. Les recherches de ce domaine ont l'objectif de comprendre l'impact des technologies de la communication sur les différentes activités de communication et de réaliser des dispositifs adéquats pour ces activités. Quelle que soit la situation de communication, l'interface n'est plus un simple objet d'adressage et de traduction pratique des commandes de l'opérateur, comme dans la vision classique de l'interaction homme-machine, mais devient plutôt un espace de communication interpersonnelle L'action de communiquer avec autrui ne se limite ni à une simple adéquation de codes verbaux et non-verbaux, ni à un processus de production d'inférences et d'interprétation d'indices contextuels. Les interlocuteurs agissent selon une logique coopérative (Clark, 1996) : cela signifie que les interlocuteurs doivent réciproquement accepter chacune de leurs contributions pendant un échange, afin de pouvoir partager des connaissances ou des faits relatifs à leur activité. Une communication réussie demande que les interlocuteurs co-construisent mutuellement leurs référentiels, s'appuyant sur les indices verbaux et non-verbaux. Parmi ces derniers, on se doit de distinguer les indices non-verbaux kinésiques (e. G. , les expressions faciales, les regards, les gestes du corps, etc. ) et les indices non-verbaux ostensifs-inférentiels (e. G. Les gestes déictiques, les actions physiques). Nous avançons deux hypothèses de travail principales : A) les indices non-verbaux kinésiques facilitent surtout le processus de communication et favorisent un sentiment de proximité sociale entre les partenaires distants ; B) les indices non-verbaux ostensif-inférentiels facilitent surtout l'intercompréhension et la réalisation de la tâche commune. Pour vérifier ces hypothèses, nous avons construit une tâche expérimentale dans laquelle un tuteur se doit d'assister deux apprenants distants impliqués dans la réalisation d'un travail pratique (la réalisation d'une page en notation html) et qui ne peuvent pas communiquer entre eux. Dans la première expérimentation (n tutor=12, N étudiants = 48), nous étudions les effets des indices kinésiques, véhiculés par l'image-vidéo montrant les partenaires distants. Les résultats indiquent que les indices kinésiques facilitent le processus de compréhension mutuelle et l'activité de suivi du tuteur, sans pour autant améliorer la qualité du travail des apprenants. Dans la deuxième expérimentation (n tutors = 12, étudiants = 72), nous nous intéressons aux indices ostensifs-inférentiels, véhiculés par l'image-vidéo relative aux actions effectuées par les partenaires distants sur les objets appartenant à leur espace de travail. Les indices ostensifs-inférentiels favorisent la construction des référentiels communs, facilitent le suivi du tuteur et induisent une amélioration du travail des apprenants. Nous discutons les résultats de deux expérimentations et nous avançons des propositions pour la conception des dispositifs consacrés à la communication tutorielle.