Se dire sur la scène tragique : de l'identification à l'épiphanie
Auteur / Autrice : | Lucie Thévenet |
Direction : | Bernard Deforge |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures anciennes |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Caen |
Résumé
Afin de comprendre la constitution du personnage tragique, on se concentrera sur la période de l’apogée de la tragédie grecque, au Vème siècle avant J. -C. à Athènes, à travers les pièces conservées d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide (Rhésos inclus). L'hypothèse de travail consiste à envisager la parole réflexive du personnage sur lui-même, en limitant la vaste notion d'identité aux passages dans lesquels s'énonce l'identité personnelle. On retiendra comme e����léments identitaires le nom, le patronyme, et le génos dans sa double acception d'origine généalogique et géographique. Un tel relevé amène à confronter des passages de nature très différente : présentation de soi dans les scènes de rencontre ; négation de soi dans les moments de crise ; affirmation de soi dans les passages plus théâtralisés du prologue et de l'exodos euripidéens. On passe ainsi d'une mise en question extérieure de l'identité, interrogée et prouvée dans les scènes de reconnaissance, à une mise en question intérieure qui accuse une rupture dans l'identité référentielle du héros. L'impossibilité de se dire soi plus longtemps, liée à la perte du corps héroïque, aboutit à une mise en spectacle de soi, par le motif de l'appel au regard sur l'identité souffrante, comme une véritable incarnation du tragique. L'identité alors recomposée se traduit par une affirmation revendiquée, que le rapprochement avec le modèle du deus ex machina de l'exodos invite à lire sur le mode de l'épiphanie scénique, le portrait de soi en souffrance du prologue humain se comprenant alors comme un deus en devenir. Apothéose et toute-puissance de la parole théâtrale se recoupent ainsi dans l'expression de l'identité même