Consommation de médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé et conséquences sur la cognition
Auteur / Autrice : | Nathalie Lechevallier-Michel |
Direction : | Annie Fourrier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences biologiques et médicales. Épidémiologie et intervention en santé publique |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Résumé
Face au vieillissement de la population et parmi les nombreux problèmes de santé qui se posent chez le sujet âgé, les autorités sanitaires, les professionnels de santé et l'ensemble de la société prennent de plus en plus conscience de l'apparition de troubles cognitifs chez la personne âgée, des démences et de leurs conséquences. L'étiologie des troubles cognitifs chez le sujetâgé est le plus souvent plurifactorielle, mais la consommation de médicaments est souvent suspectée. En 1997, Beers et col. Ont publié une liste de 28 critères permettant l'identification de médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé. L'objectif de ce travail était de répondre aux questions suivantes : 1/ Comment utiliser les tests neuropsychologiques pour l'évaluation des performances cognitives chez le sujet âgé ? Existe-t-il un ''effet époque'' et quelle est son importance ? 2/ Quelle est la fréquence de la consommation de médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé en France, et quels sont les facteurs associés à cette consommation ? 3/ Quel est le retentissement de la consommation de ces médicaments sur les performances cognitives du sujet âgé ? Différentes analyses ont été réalisées à partir des données actuelles au cours des dix premières années de suivi de la cohorte PAQUID et à l'inclusion dans la cohorte 3C. Dans un premier temps, des normes ont été établies pour différents tests neuropsychologiques, à partir d'un échantillon représentatif des personnes âgées de 70 ans et plus. Elles devront être néammoins actualisées régulièrement de manière à tenir compte de ''l'effet époque''. Comme cela est montré dans une seconde étude, les générations les plus récentes présentent en effet de meilleures performances cognitives que les générations plus anciennes, du fait notamment d'un allongement de la durée des études. Dans un second temps, une étude transversale a été réalisée pour décrire la consommation de médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé en France, selon les critères de Beers de 1997. Les résultats montrent que cette consommation est fréquente (près de 40 %). Elle est surtout liée à la consommation de vasodilatateurs cérébraux (23,4 %), de benzodiazépines à demi-vie longue (9,2 %), et de médicaments anticholinergiques (6,4 %). Enfin, la troisièmpe partie de ce travail s'intéresse aux médicaments pouvant avoir un effet délétère sur la cognition chez le sujet âgé. Deux classes de médicaments ont été étudiées plus spécifiquement : les médicaments anticholinergiques et les vasodilatateurs. Concernant les médicaments anticholinergiques, les résultats d'une étude transversale montrent que leur consommation est associée à de faibles performances cognitives chez le sujet âgé. Concernant la problématique française des vasodilatateurs, les résultats d'une étude longitudinale montrent que la consommation de ces médicaments a diminué de manière significative chez le sujet âgé en France entre 1988-89 et 1998-99 et qu'elle n'est pas associée au statut cognitif. Ce travail apporte un éclairage sur la consommation de médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé en France, et plus particulièrement sur l'effet de certains de ces médicaments sur les performances cognitives. Il souligne la nécessité d'une bonne information des professionnels de santé et des personnes âgées quant aux risques associés à l'utilisation des médicaments. Aussi, une attention particulière devrait être apportée aux sujets polymédiqués ou présentant déjà un déficit cognitif.