Les Conceptions philosophiques de l'altérité de Boèce à Nicolas de Cues
Auteur / Autrice : | David Larre |
Direction : | Joël Biard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Tours |
Mots clés
Résumé
La notion d'altérité, rare dans la philosophie médiévale de langue latine, se trouve paradoxalement au centre d'enjeux métaphysiques importants : à partir de Boèce, elle intervient dans le cadre du transfert des catégories aristotéliciennes aux réalités théologiques (translatio in divinis), dans le double contexte de la théologie trinitaire et de la théologie de la création. Elle connaît alors une fortune contrastée dans les divers commentaires des Opuscula sacra de Boèce, tantôt admise dans la pensée des réalités divines, tantôt rejetée hors de Dieu pour caractériser en propre les seules créatures. La raison de cet usage tient à une hésitation entre deux tendances de la métaphysique présentes dans les textes de Boèce et leur commentaires, une ontologie de la relation d'origine aristotélicienne et une hénologie de l'assimilation d'origine platonicienne. Nicolas de Cues, principal auteur de cette étude, se trouve accentuer particulièrement la seconde de ces tendances : il invente ainsi le terme non-autre (non-aliud) pour nommer Dieu, faisant de celui-ci le principe de l'être et de la connaissance qui assimile toutes choses à soi. Ce coup de force métaphysique et conceptuel a des conséquences majeures sur la pensée de la création : l'altérité des créatures est un fait contingent et ambivalent. Elle se rapporte moins à l'originalité et à l'autonomie de l'individu qu'à sa dépendance envers son principe, l'unité divine, dans l'ordre de l'être et du connaître.