Conséquences de la consommation chronique des médicaments psychopactifs : approche pharmaco-épidémiologique en milieu du travail
Auteur / Autrice : | Théodore Bienvenu Ngoundo Mbongue |
Direction : | Jean-Louis Montastruc |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pharmacologie |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Résumé
Objectifs : étudier les relations entre le mode de consommation des MPs (en particulier les conduites dopantes avec ces médicaments) et les conditions de travail ; étudier la relation entre les conduites dopantes, les phénomènes de dépendance et la consommation chronique des MPs ; Mesurer l'impact de cette consommation chronique sur les performances cognitives (vigilance, mémoire) chez les travailleurs. Matériels et méthodes : 3 sources de données ont été utilisés pour atteindre nos objectifs : Etude de cohorte '' Mode de Vie et Travail '' (MVT) Etude transversale '' Travail-Stress-Médicament '' Etude de cohorte '' Vieillissement Santé Travail '' (VISAT Résultats: Dans l'étude MVT, 1 salarié sur 3 a recours à un médicament pour faire face aux difficultés du travail. Il s'agit le plus souvent de psycholeptiques chez les femmes et d'alcool chez les hommes. L'étude TSM confirme cette différence de genre. A un an de suivi, 4 % des salariés sont consommateurs chroniques, et 3,5 % sont dépendants aux MPs. Nous avons montré que la pharmacodépendance était très fortement associée à la dépendance à la nicotine à l'inclusion et à l'usage de médicament et/ ou d'alcool pour améliorer les performances. De même, l'usage chronique était également fortement expliqué par les conduites dopantes avec les médicaments et/ ou l'alcool. Dans l'étude VISAT, et de façon constante au cours des trois recueils, les femmes consommaient 2 fois plus de MPs que les hommes (environ 14 % de consommatrices versus 7 à 8 % aux 3 recueils de données). Après 5 ans de suivi, 3 % de salariés sont des utilisateurs chroniques. L'usage chronique est associé à une diminution des performances aux différents tests cognitifs (rappel libre immédiat, vitesse psychomotrice, attention sélective et le rappel différé). Après ajustement sur l'age, le niveau d'éducation et les conditions de travail, les altérations persistent chez les hommes (mémoire épisodique et attention sélective), mais pas chez les femmes. Chez les hommes toujours, on observe des effets délétères de la consommation récente des MPs sur la mémoire à long terme. Conclusion : Les conduites dopantes avec des MPs et/ ou de l'alcool, multiplient par 3 le risque de pharmacodépendance à ces médicaments. L'usage chronique des MPs diminue l'efficience cognitive même chez des adultes jeunes. Ce travail apporte des éléments nouveaux sur les conséquences à long terme de la large utilisation des médicaments dans les populations de travailleurs. Il mérite d'être poursuivi.