Les tutelles aux prestations sociales enfant au sein de deux unions départementales d'associations familiales : enjeux locaux autour de la prise en charge des ''mauvaises familles''
Auteur / Autrice : | Christelle Damour |
Direction : | Marcel Drulhe |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Afin d'observer certaines transformations de la prise en charge des questions familiales, nous avons retenu deux Unions Départementales d'Associations Familiales. Les UDAF sont les fers de lance d'un familialisme à la française : elles militent en faveur de ''la famille'' et gèrent en parallèle des services auprès de certaines familles. Implantées au niveau des départements, les deux UDAF étudiées permettent de repérer les effets des nouvelles répartitions politiques. Ainsi la définition et la prise en charge des ''mauvaises familles'' apparaissent comme le support pour la survie et le développement de ces structures en proie à la concurrence départementale. En tenant à l'écart des acteurs/trices locaux/ales grâce aux mesures de Tutelles aux prestations Sociales Enfant (TPSE) car elles sont prononcées par les magistrat-e-s, les UDAF peuvent alors accomplir une intervention légitimement et historiquement constituée auprès des familles ''déviantes''. Les délégué-e-s à la tutelle salarié-e-s des UDAF sont mandatés par les juges pour prendre en charge les mesures de TPSE. Ils/elles mènent au sein des familles une action éducative auprès des parents. Au-delà de l'éducation budgétaire l'enjeu est de les éduquer à être de ''bons parents'' : les manières d'être, de faire et de dire sa parentalité sont alors évaluées. Mais à côté d'une description strictement déterminée par le poids du mandat judiciaire et l'intervention des délégué-e-s, nous avons entrepris une analyse des capacités des parents à accepter, revendiquer et contester les interventions. Notre recherche permet de repérer d'abord une catégorie de familles qui refusent l'intrusion d'un tiers. En ce sens il y a un ''au-delà de la mauvaise famille'' : cet au-delà est caractérisé par l'impossibilité pour les délégué-e-s de mener à bien leur mission et conduit à un désengagement vis-à-vis de ces dernières. Ensuite, on voit apparaître une utilisation constante de l'intérêt de l'enfant comme ''bonne raison'' de maintenir un contrôle social sur les familles ''pauvres'' qui protestent de leur bonne volonté.