Thèse soutenue

Le contrôle juridictionnel des pouvoirs publics et la séparation des pouvoirs : l'affirmation du juge dans le parlementarisme en France

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Auteur / Autrice : Télesphore Muhindo Malonga
Direction : Henry Roussillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit public
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Toulouse 1

Mots clés

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Résumé

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Quel est l'impact du contrôle juridictionnel des pouvoirs publics sur la conception française de la séparation des pouvoirs et sur le parlementarisme français ? Longtemps en France, les juges ont été exclus du domaine d'exercice du pouvoir politique et interdits de s'immiscer dans les fonctions administratives ou législatives, et aussi de traduire devant eux les détenteurs de ces fonctions. Bien plus, la justice a traditionnellement été conçue comme un service public, comme un démembrement de l'Exécutif auquel elle devait rester subordonnée. Le libéralisme de Montesquieu dans lequel la puissance de juger est nulle et la démocratie de Rousseau pour laquelle la loi est l'expression souveraine et infaillible de la volonté générale ont fini par réduire le juge à un organe dépourvu de tout pouvoir. Aussi, la séparation des pouvoirs en France n'a été envisagée que suivant les rapports de collaboration et d'interdépendance organique entre le Législatif et l'Exécutif. Cette conception de la séparation des pouvoirs a conduit tantôt à un parlementarisme absolu, tantôt à un parlementarisme présidentialisé. Pourtant, il se produit de nos jours un renversement de situation. Porté par la promotion de l'État de droit, le contrôle juridictionnel s'exerce aujourd'hui sur tous les organes du pouvoir. L'action conjuguée du juge national, c'est-à-dire le juge administratif, du juge constitutionnel et du juge judiciaire d'une part, et du juge international, en particulier du juge européen d'autre part, fait que le politique est de toutes parts cerné par le droit et par le juge. Non seulement le juge impose son rôle de participation à la fonction créatrice des normes autrefois réservée au législateur et, dans une moindre mesure, au pouvoir réglementaire, mais, plus encore il peut, bien qu'indirectement, agir sur les organes des autres pouvoirs en provoquant leur démission dans le cadre des procédures pénales. Il se trouve ainsi pleinement inséré dans les rapports de collaboration fonctionnelle et d'interdépendance organique des pouvoirs. Sous l'effet du contrôle juridictionnel des pouvoirs publics, la séparation des pouvoirs est donc devenue, en France, une répartition tripartite. Plus que le gouvernement des juges, c'est l'ère du parlementarisme juridictionnalisé qui a bel et bien sonné, soulevant ainsi de manière plus aiguë la question de la responsabilité des juges.