Thèse soutenue

L'Experience musicale dans les oeuvres de Gert Jonke et de Pascal Quignard : l'écriture face au risque de la musique

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Auteur / Autrice : Isabelle Soraru
Direction : Michèle Finck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008)

Résumé

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Les œuvres de Pascal Quignard et de Gert Jonke témoignent d'un rapport à la musique tout à fait privilégié, ouvrant le dialogue entre littérature et musique. Ce travail tente d'en explorer les points de contact, tout en convoquant d'autres œuvres littéraires, à partir de la notion d'expérience entendue dans son sens étymologique : l'ex-periri latin, c'est-à-dire la traversée d'un danger. Car si la musique semble être la promesse de l'œuvre littéraire, elle pourrait bien se poser également comme possible menace : la fascination de l'écrivain pour celle-ci étant toujours au risque de la révélation des limites de l'écriture. Dans un premier temps, l'œuvre musicale se pose comme une sorte d'énigme pour l'écriture, source d'une certaine fascination pour l'écrivain. Dans des formes de '' biographies rêvées '', Pascal Quignard comme Gert Jonke s'intéressent à des figures de compositeurs, en entrecroisant fiction, biographique et œuvre musicale comme s'il s'agissait de révéler, en s'imprégnant d'une esthétique musicale, la vérité d'une existence. Cependant, la référence musicale ou la biographie ne constituent pas le cœur de ces récits. Pour comprendre la véritable place de la musique dans l'œuvre littéraire, il convient de s'intéresser à l'expérience sonore et musicale en tant que telle : l'irruption de la musique est, en ce sens, semblable à l'intrusion d'une altérité fondamentale. Ainsi, l'expérience musicale révèle au sujet qui l'éprouve sa propre étrangeté, et est marquée par une profonde instabilité : brouillant les frontières entre intériorité et extériorité, elle est le lieu d'une lutte entre la '' Parole '' et la '' Mort '' (Alejo Carpentier) et menace alors le langage lui-même. La rencontre avec la musique donne lieu à des poétiques de l'écriture portant les traces de son passage, et l'art musical semble alors ne pouvoir être pensé que comme un en deçà ou un au-delà de l'��uvre littéraire, questionnant le rapport de l'écrivain à son propre langage.