Thèse soutenue

Du corps et des odeurs : une anthropologie sensorielle

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Auteur / Autrice : Laurence Kintz Pfeffer
Direction : David Le Breton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008)
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université des sciences humaines. Faculté des sciences sociales (Strasbourg)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'homme sent. Il est odeurs comme il en est entouré : il veille à contenir les siennes ou à leur en substituer d'artificielles et réagit à celles d'autrui. Les odeurs l'accompagnent du soir au matin, de la naissance à la mort. Loin d'être négligée, l'olfaction est partout sollicitée : l'on ne peut y échapper. Les choses du nez investissent la scène anthropologique : longtemps éludées, elles jouissent d'un nouvel intérêt. Cette thèse présente les résultats d'une enquête menée auprès d'une population française mixte, interrogée sur ses expériences olfactives. Y sera envisagé le corps défait de ses odeurs puis remis en senteurs : le tabou des odeurs corporelles oblige l'homme à effacer sa marque olfactive au profit d'une autre retravaillée. Mais le parfum est-il toujours de circonstance ? La peau en réalité ne se donne pas toujours à sentir de la même façon : elle s'abandonne puis se refuse à la fragrance. L'homme a-t-il une gueule d'atmosphère ? Son identité se décline sur le ton olfactif, son odeur est sa signature insolite : à travers elle il s'annonce, atmosphère singulière. Derrière les pratiques, l'imaginaire se révèle : le monde est odeurs mais toute odeur n'est pas bonne à prendre, car il en est de mauvaises. Suave, l'odeur invite à la jouissance ; rebutante, elle malmène l'homme par le bout du nez : il lui faudra l'esquiver car elle viole ses territoires intimes, l'agresse, l'oppresse. Elle se sert de l'air : la respiration est complice de l'olfaction. En odeurs de mémoires, l'individu se laisse transporter. Une chronologie olfactive articule sa vie : un sillage est parfois plus évocateur qu'un visage. Par l'entremise des odeurs, la culture se laisse saisir.