L'Arrangement normatif : ou comment arranger et s'arranger avec les ''anciennes'' et les ''nouvelles'' manières d'être ensemble, en Tunisie d'aujourd'hui
Auteur / Autrice : | Mohamed Saïd Ouardani |
Direction : | Patrick Watier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008) |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université Marc Bloch (Strasbourg ; 1971-2008). Faculté des sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Que faisons-nous avec ces nouvelles “choses” qui nous viennent de l'extérieur (mais pas seulement) que nous appelons modernes et qui arrivent à s'incruster et à trouver ancrage dans nos manières d'être et de vivre ensemble sans créer de vagues et encore moins de révoltes ou de révolutions ? Je me plais, pour illustrer ce questionnement, à donner l'exemple suivant, puisé dans la quotidienneté de l'espace familial tunisien et concernant les rapports père / fille : Un père présume, imagine ou sait que sa fille pourrait potentiellement rencontrer des garçons chaque fois qu'elle sort de la maison, mais tant qu'il ne l'a pas vu faire ou tant qu'un tiers n'est pas venu lui rapporter sa conduite “douteuse”, il fait comme s'il n'arrivait jamais à sa fille de rencontrer les garçons. De même, la fille, de son côté, fera “tout” pour éviter de mettre son père dans une position où il risquerait de perdre la face, sans pour autant s'interdire des éventuelles rencontres avec les garçons. Cet exemple vient illustrer les manières d'arranger les normes et de s'arranger avec elles, sans, à la fois, mettre en cause la légitimité et la validité de ces normes ni renoncer à des aspirations individuelles. Les situations d'arrangement normatif seraient essentiellement le résultat des bouleversements qui s'opèrent de nos jours dans l'espace privé tunisien, notamment l'émergence grandissante de l'individu face à la domination du groupe, amenant les dépositaires de l'autorité sociale à s'accommoder des changements sans pour autant abandonner l'essentiel de ce qui fait leur légitimité et l'assise de leurs statuts. Ce qui n'est pas sans déboucher sur de la contradiction et du décalage entre des valeurs et des normes admises et défendues d'une manière commune et un environnement objet de rapides changements. Comment les individus donnent-ils du sens à ce décalage ? De quel “dysfonctionnement” et de quel “déséquilibre” serait-il l'expression ? Comment s'en accommodent-ils (ou pas d'ailleurs) ?