Le rôle des think tanks dans les processus de décision de politique extérieure analyse comparée, Etats-Unis, Royaume-Uni, France : les limites de ''l'import-export institutionnel'', le modèle d'expertise anglo-saxon incarné par les think tanks français internationalistes et spécialistes des questions de défense
Auteur / Autrice : | Lucile Desmoulins |
Direction : | Véronique Richard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Les think tanks, organisations hybrides, sont l'enjeu de représentations du politique à travers un processus circulaire de légitimation. En France, des procédures contractuelles d'expertise et des instituts de recherche en politiques publiques ont été créés sur le modèle idéalisé des think tanks anglo-saxons. Marqués du sceau de l'hétéronomie, les think tanks français internationalistes et spécialistes des questions de défense s'inscrivent dans des stratégies de pérennité autant que d'influence politique et d'animation des débats, et témoignent des limites de ''l'import-export institutionnel''. Les dispositifs d'expertise observés plaident en faveur d'une analyse des situations d'expertise en tant que simulacres et des discours de l'expertise en tant qu'objets de réassurance, étrangers à un idéal rationalisant de diversification des sources d'information du gouvernement. Favorisées par leur rattachement à des think tanks qui ont valeur de ''titres à parler'', les stratégies discursives médiatiques de chercheurs sont le signe de la déshérence de ces dispositifs. Avatar et alibi de l'évaluation de la politique extérieure, l'expertise est un ensemble de situations contractuelles, instrumentales et dialogiques. Sur le mode binaire de l'affrontement/dénégation et de l'instrumentalisation/valorisation se nouent les relations entre décideurs politiques et chercheurs. En tant que ''chaînons manquants'' entre la décision politique, l'espace démocratique et la recherche, les think tanks français recèleraient donc un ''potentiel inaccompli'' et l'opportunité rarement saisie d'une discussion.