Thèse soutenue

Poétique de l'horreur dans l'épopée et l'historiographie latines, de l'époque cicéronienne à l'époque flavienne : imaginaire, esthétique, réception
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Auteur / Autrice : Aline Estèves
Direction : Jacqueline Dangel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études latines
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail vise à reconstituer la vision romaine de l'horreur, au sens d'émotion extrême de peur et de phénomène horrible ; l'étude porte sur l'épopée et l'historiographie latines, par comparaison avec la tragédie, afin de cerner l'originalité du thème dans deux genres dont il est a priori exclu. La revue des termes désignant la peur permet d'abord d'établir le champ sémantique de l'horreur au sens d'émotion ; s'en extrait l'imaginaire de l'horreur au sens de phénomène, qui s'organise en thèmes et motifs centrés autour des notions de noirceur, de grandeur et de laideur, se partage entre vision péjorative et laudative (horror ad odium/ ad uenerationem) et relève du profane ou du sacré. Ensuite, l'horreur pose des problèmes de transcription esthétique aux poètes épiques et aux historiens, particulièrement dans le domaine de la violence : pour rendre compte du caractère excessif des violences horribles, ils mobilisent des procédés d'amplification dérogeant aux attendus génériques, l'emphasis, l'euidentia et le tumor. Enfin, l'horreur perturbe l'horizon d'attente du lecteur : la delectatio qu'elle induit allie paradoxalement un goût trivial pour le sensationnel et un plaisir intellectuel de reconnaissance des problématiques de la mimèsis, fonctionnant en aemulatio avec les arts littéraires, plastiques ou scéniques ; l'utilitas qu'elle recèle relève essentiellement du questionnement éthique, puisque l'horror ad uenerationem peut prêter le flanc à la critique, et l'horror ad odium donner lieu au grandissement ambigu du mal. Au final, la notion d'horreur se structure dans les deux genres autour de deux thématiques dont la symbolique interfère : les Enfers et les guerres civiles.