Thèse soutenue

Une approche philosophique de la chirurgie : "l'oeuvre des mains"

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Auteur / Autrice : Philippe Icard
Direction : Anne Fagot-Largeault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Nous nous proposons d'interroger le travail du chirurgien, pour tenter d'en cerner les fondements (généalogie), d'en regarder les cadres de pensée (épistémè), d'en comprendre les règles morales d'action et les diverses composantes (artisanale, artistique et scientifique), tout en repérant les symboles et l'imaginaire mis en jeu, le sang, la souffrance, la vie et la mort, "étant partout" en chirurgie. En regardant les origines puis les obstacles qui ont jalonné l'évolution chirurgicale, en découpant des thèmes, et en organisant notre exposé à partir de la rencontre d'un malade et d'un chirurgien (qu'est-ce qu'un malade? qu'est-ce qu'opérer? qu'est-ce qu'un chirurgien ?) jusqu'à leur séparation après l'opération (qu'est-ce que retrouver la santé ?), nous espérons mieux comprendre comment cette pratique sanglante est devenue un art. Nous verrons comment cet art se situe " au carrefour de plusieurs sciences" à la suite notamment de la correspondance anatomo-clinique mise à jour par des chirurgiens-anatomistes à l'Age classique, et du fait de la possibilité extraordinaire d'une insensibilisation et d'un endormissement du corps, rendus possible par la découverte anesthésique à l'ère moderne. Tout au long de ce travail d'approche s'est progressivement précisée une mentalité chirurgicale, un ethos qui, faisant confiance à l'expérience des sens, à ce qui se voit et se palpe, pourrait par ironie être qualifié d'" anti-philosophique ". Art de la prudence et de l'audace, ayant le souci de résister à la mort et d'agir souvent dans l'urgence d'une main volontaire qui ne doit pas trembler, cette pratique au service des hommes nous est en effet apparue pragmatique et utilitariste, et en cela opposée à une certaine philosophie de l'homme, laquelle, prônant la résignation, s'est désintéressée d'acquérir un savoir sur le corps, pour spéculer sur l'âme, en dévalorisant l'expérience sensible. En séparant la main de l'intellect, tout en magnifiant le pouvoir du verbe sur celui du faire. A la fois intellectuel et manuel, le chirurgien doit s'appliquer selon la formule de Bergson "à agir en homme de pensée et à penser en homme d'action ".