Thèse soutenue

La province magmatique du Karoo : géochronologie, géochimie et implications géodynamiques

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Auteur / Autrice : Frédéric Jourdan
Direction : Gilbert FéraudHervé Bertrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géosciences
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Nice
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences fondamentales et appliquées (Nice ; 2000-....)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les provinces magmatiques continentales géantes (CFB) sont des événements clefs dans l’histoire de la terre, souvent associés à la dislocation des continents et des crises biologiques majeures. La province magmatique de Karoo-Ferrar est l’un des CFB majeur du Phanérozoïque avec des affleurements présents en Afrique méridionale, en Antarctique et en Australie. Sa formation datée du Jurassique inférieur est liée à la séparation de l’Afrique et de l’Antarctique et à l’ouverture de l’Océan Indien. Le magmatisme du Karoo (Afrique méridionale) s’étend sur plus de 3x106 km² et est généralement considéré comme étant un événement bref (184 ± 1 Ma) associé à un point chaud et un rifting de type «actif». La présente étude porte sur la géochronologie 40Ar/39Ar et la géochimie élémentaire et isotopique (Sr, Nd, Pb et Hf) de zones peu ou pas étudiées. Cette étude a été focalisée sur 1) les coulées et sills basaltiques du Botswana, (2) les réseaux radiaires géants de dykes mafiques supposés représenter une jonction triple et (3) les plutons et dykes représentant le stade final du magmatisme. Ces données nous ont permis de mettre en évidence les points suivants : I) Les réseaux de dykes de l’Okavango (N110°; 1500x100 km) et du Sabie-Limpopo (N70°; 600x50 km) ont donné 18 âges similaires dont la moyenne est de 179. 1 ± 1 Ma. Ce résultat s’accorde avec les données structurales montrant un événement distensif unique (N160°) pour la structuration de ces réseaux. En revanche, les coulées du Botswana se sont mises en place sur une période plus longue, avec des âges plateau allant de 182 à 177. 5 Ma (27 ages). Nos âges, comparés à ceux obtenus au sud de la province (185-181 Ma), montrent une migration des zones d’éruption du sud et de l’est vers le nord ouest ainsi qu’une durée du magmatisme supérieure à 6 Ma. Ces données impliquent une origine différente comparées aux autres provinces dont les durées de mise en place sont généralement brèves (1 Ma). De plus une longue durée pourrait expliquer l’absence d’extinction faunistique majeure. L’étude du magmatisme intrusif à l’est de la province montre qu’une activité magmatique plus différenciée s’est poursuivie près du (futur) rift jusqu'à 174 Ma, suivie par l’intrusion des dykes du réseau Rooi Rand (174-172 Ma) dont l’affinité chimique (E-MORB) suggère un lien avec l’ouverture de l’Océan Indien. II) La découverte de dykes Protérozoïques (issus du CFB Umkondo ?) au sein de trois (et peut être quatre) réseaux formant le fameux « point triple », démontre que ces directions majeures sont antérieures au magmatisme Karoo. Ceci infirme une origine « point chaud Karoo » pour ces structures et suggère plutôt un contrôle du magmatisme par des zones de faiblesse lithosphériques préexistantes. III) On identifie deux groupes géochimiques, pauvre et riche en Ti, tous deux enrichis en LILE/HFSE, mais différant par leur fractionnement en terres rares lourdes et leur composition isotopique. Les deux groupes ont évolué par fusion partielle de lherzolites à spinelle (« low-Ti ») ou à grenat (« high-Ti ») puis par cristallisation fractionnée d’assemblages gabbroïques. Les deux groupes sont issus d’un manteau lithosphérique sous-continental (SCLM) hétérogène, enrichi de veines métasomatiques (sédiments subductés ?) pour certains des magmas riches en Ti (notamment les picrites). Ces différences géochimiques reflètent l’histoire de la lithosphère dont les hétérogénéités latérales et verticales contrôlent la distribution des deux groupes. La signature chimique d’un panache mantellique n’a pas été identifiée. A partir des arguments géochronologiques, structuraux et géochimiques présentés dans ce mémoire, le CFB du Karoo, à la différence d’autres CFB, ne requièrent pas la contribution d’un point chaud, mais souligne le rôle prépondérant de la lithosphère, par son histoire et sa structure, dans la genèse des magmas.