Thèse soutenue

La dynamique de la négation et la logique avec inconsistances : quelques conséquences scientifiques et épistémologiques : vers un rapprochement entre la philosophie et l'histoire des sciences
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Auteur / Autrice : Hassan Tahiri
Direction : Shahid Rahman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Lille 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les fameux théorèmes d'incomplétude de Gödel ont non seulement tenu en échec le programme de Hilbert mais aussi mis en évidence la limite de la logique classique qui trivialise tout système qui contient une contradiction. D'autre part, le critère de consistance n'a pas été uniquement pensé comme une hypothèse des systèmes logiques. Son caractère paradigmatique présumé semble envahir tous les types de raisonnement rationnel. La critique de ces deux manières de comprendre la consistance a conduit au développement de nouvelles méthodes pour traiter les systèmes qui contiennent une inconsistance. La méthode adoptée par la logique non-monotonique qui s'est développée au sein de l'Intelligence Artificielle, consiste à autoriser l'inférence d'une conclusion à titre provisoire quitte à la retirer ultérieurement quand de nouvelles informations deviennent disponibles. Nous avons étudié dans un premier temps les différents systèmes formels de l'argumentation défaisable. Notre étude révèle que ces systèmes ont été largement développés à partir des exemples ad hoc inventés pour les besoins de la formalisation. Cette démarche a donné lieu à la formation d'un appareil conceptuel riche et fécond. L'objectif de cette thèse est non seulement de présenter une analyse approfondie des systèmes formels de l'argumentation défaisable mais surtout de contribuer à enrichir le dispositif technique mis en œuvre dans le processus de formalisation en adoptant une démarche inverse. C'est sous cet angle qu'il faut voir notre tentative, la première dans son genre, d'appliquer les concepts existants de la logique pour l'argumentation défaisable à l'histoire des sciences et de la philosophie. On peut se demander toutefois si une telle application est possible : ne sommes-nous pas en train de rapprocher deux disciplines qui semblent avoir peu de choses en commun ? En fait, si nous examinons attentivement l'histoire des sciences, nous nous apercevons que les contreverses représentent le moteur de son développement. Nous trouvons dans la contreverse la notion qui nous permettra d'établir le lien entre la logique non-monotonique et l'histoire des sciences d'une part et entre la philosophie et l'histoire des sciences d'autre part. Nous avons analysé en effet un certain nombre de contreverses portant sur les fondements des mathématiques de Kroncker à Poincaré. Cette analyse nous a permis de faire l'inventaire de l'ensemble des arguments invoqués par les protagonistes. C'est David Hilbert qui nous a servi de fil directeur étant donné qu'il était témoin de tous les événements qui se sont déroulés pendant cette période cruciale de l'histoire des mathématiques. La présentation dialogique des différentes contreverses, en termes d'arguments et de contre-arguments, a débouché sur la construction des systèmes formels qui leur correspondent. Nous avons en particulier décelé une évolution dans la nature des contreverses elles-mêmes : de la contreverse sur l'emploi de l'infini actuel dans les preuves, qui était à l'origine des contreverses mathématiques, à la contreverse sur la preuve elle-même. La charge de la preuve apparaît à cet égard comme un critère semi-formel crucial pour capturer la subtilité des différents niveaux d'argumentation, et décisif pour déterminer l'issue du conflit. Notre nouvelle approche, qui consiste à employer la non-monotonie comme un instrument dans l'étude des controverses, a jeté une nouvelle lumière sur la pensée mathématique de Hilbert. Nous pensons que l'étude de dialogues concrets issus de l'histoire des sciences et de la philosophie permet d'une part d'enrichir la logique de l'argumentation par la découverte de nouvelles formes de raisonnement et d'autre part de contribuer, à travers la notion de controverse, à une meilleure compréhension du développement de l'histoire des sciences et de la philosophie