La représentation politique et professionnelle des sapeurs-pompiers de la Troisième République à nos jours
Auteur / Autrice : | Ludovic Rohart |
Direction : | Frédéric Sawicki |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Lille 2 |
Mots clés
Résumé
Ce travail porte sur l'institutionnalisation des sapeurs-pompiers en France entre les débuts de la Troisième République et aujourd'hui. Il revisite les mythes qui entourent les services d'incendie : le sapeur-pompier '' soldat du feu '' et le sapeur-pompier '' volontaire ''. L'image du sapeur-pompier '' soldat du feu '' se construit en effet à la fin du XIXe siècle alors qu'auparavant les pompiers ont pour principale fonction le maintien de l'ordre. Cette métamorphose est le résultat d'un long processus au cours duquel un ensemble d'acteurs, liés par l'intérêt convergent de désarmer le pompier et lui retirer certains de ses attributs militaires, vont oeuvrer dans ce sens. Ce travail est d'abord le fruit de la fédération nationale des sapeurs-pompiers, composée de notables acquis aux idéaux républicains et satisfaits de voir leurs entreprises protégées du risque incendie. Cet organisme trouve un allié en la personne de l'Etat. Les pouvoirs publics tentent d'imposer le régime institutionnel et se satisfont du désarmement du pompier, danger potentiel aux mains des édiles municipaux. Il ne manquent pas de tirer profit de cette situation pour, épaulés par la fédération, instituer un statut unique du sapeur-pomier et affirmer sa prééminence dans l'organisation des servcies d'incendie. En raison du rôle social et politique des sapeurs-pompiers à l'échelon local, les parlementaires vont se faire les hérauts des sapeurs-pompiers au sein de l'arène parlementaire. L'intériorisation du nouveau rôle dévolu aux sapeurs-pompiers s'acquerra par la pratique des concours de manoeuvres et de pompes à incendie mis en place par la fédération. Le politique, la presse, les constructeurs de matériels d'incendie y trouvent l'occasion de redéfinir l'image du sapeur-pompier. Sans présenter un visage unique, les différents acteurs de l'assurance incendie vont contribuer à renforcer le phénomène. Le mutualisme autorise par exemple la fédération à gratifier les sapeurs-pompiers en contrepartie du désarmement, ancien ressort de l'engagement. Le statut unique mis en place par l'Etat et la fédération est contesté par les collectivités locales, notamment les plus grandes, pour des motifs politiques et sociaux. Architectes et cadres municipaux vont élaborer un statut professionnel, antagoniste du modèle républicain. Après la seconde Guerre Mondiale, ces deux modèles vont continuer à s'opposer, mais l'augmentation du nombre des interventions, leur diversification, leur technisation, comme les modifications apportées cadre d'organisation territorial des services d'incendie, contribuent au déclin du volontariat. L'image du sapeur-pompier volontaire ne parvient encore à s'imposer qu'au prix d'une retraduction du politique et du travail symbolique effectuée par la fédération