Gouverner l'opéra : le pouvoir royal et les théâtres lyriques à Naples : 1767-1815
Auteur / Autrice : | Mélanie Traversier |
Direction : | Gilles Bertrand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Université Pierre Mendès France (Grenoble ; 1990-2015) |
Résumé
Fondé sur des documents inédits de l'Archivio di Stato di Napoli, ce travail propose une histoire politique de l'opéra à Naples, depuis le règne de Ferdinand IV jusqu'à la chute des Napoléonides. Cette période troublée correspond au moment où la gloire de l'art lyrique napolitain est d'autant plus fermement affirmée qu'elle est peu à peu sourdement contestée. D'abord, nous saisissons le roi en son théâtre, le Teatro di San Carlo fondé en 1737, véritable écrin de sa majesté et du rayonnement du royaume. A partir des années 1770, nous suivons le monarque en d'autres lieux et d'autres genres de spectacle, qui témoignent d'une diversification des modes de consommation culturelle de l'aristocratie. Gouverner l'opéra ne se réduit pas à exalter sur scène une image rêvée de la monarchie : il s'agit aussi d'assurer la police des théâtres dont nous tentons de définir les moyens et les fondements idéologiques et institutionnels. Mais ces normes butent sur les pratiques d'un milieu musical s'émancipant de la tutelle politique en même temps qu'il se hiérarchise : partant de l'étude de l'économie théâtrale, on tente de définir le marché de la renommée qui régule le champ musical et contribue à son autonomisation. Reste à mesurer les effets de ces évolutions sur l'image de Naples en tant que capitale musicale : l'érosion de son capital symbolique, diagnostiquée par les mélomanes et les musicologues qui affirment leur rôle d'expertise, conduit le pouvoir bourbonien, puis surtout celui des Napoléonides, à mettre en œuvre une politique culturelle de préservation d'un patrimoine musical dont on affirme l'identité napolitaine, comme la nécessité de le défendre contre le déclin qui le guette.