Thèse soutenue

La philosophie de Sartre : un essai d'analyse critique
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Auteur / Autrice : Marie-Isabelle Stal
Direction : Pierre Manent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Peut-on, comme le pensa Sartre, construire une philosophie "concrète" qui rompe avec les abstractions de la métaphysique en étendant la réduction phénoménologique husserlienne au domaine entier de la philosophie? Et fonder une telle démarche sur l'existence, promue au rang de certitude apodictique? Pour conduire cette enquête nous avons examiné la conscience, le monde, autrui, l'expérience morale et la vie politique, en suivant l'ordre d'apparition de ces thèmes au sein de l'oeuvre sartrienne qui forme un ensemble cohérent. Cette perspective délibérément synchronique et systématique a permis de reconnaître l'omniprésence de formulations paradoxales où nous voyons la marque distinctive de la démarche de sartre et sa véritable originalité. Ces paradoxes solidarisent des termes contradictoires et désarticulent les réalités considérées ; ils les privent de toute consistance ontologique pour les soumettre au pouvoir de la conscience ou de la praxis entendues comme des puissances polémiques. Sartre étend à toute sa construction philosophique une matrice logique dégagée par sa première oeuvre d'envergure, L'imaginaire, qui tenait l'objet perçu et l'objet en image pour les deux corrélats de la conscience, opposés mais mutuellement dépendants. Ces déclinaisons de l'activité de la conscience la désignent comme puissance de néantisation, destinée à soumettre la réalité ou, à la recréer dans l'élément de l'Etre. Cet effort démiurgique échoue cependant. La conscience, engendre la figure de l'altérité qui fait retour comme une puissance maléfique et reverse à l'aliénation toutes les conquêtes de la liberté. Il ne nous a donc pas semblé que l'oeuvre de Sartre vérifiait sa maxime célèbre : "Qui perd gagne!". La disjonction radicale de la liberté et de l'être, synthèse de l'existentialisme et d'une interprétation radicale de la réduction phénoménologique husserlienne, crispe la première sur le vide et voue le second à la destruction.