Thèse soutenue

Hyperalgésie et tolérance aigüe à la morphine après chirurgie sous fortes doses d'opioïdes : de l'animal à la pratique clinique chez l'homme : développement de stratégies thérapeutiques préventives

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Auteur / Autrice : Philippe Richebé
Direction : Pierre Maurette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences biologiques et médicales. Neurosciences et pharmacologie
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Bordeaux 2

Résumé

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Notre travail de thèse a concerné l'étude du processus de sensibilisation à la douleur et l'étude de stratégies thérapeutiques permettant de prévenir ou de bloquer chez l'animal comme chez l'homme le développement d'un tel processus. Par une approche comportementale réalisée chez le rat, nous avons montré que sur un modèle de douleur incisionnelle comme précédemment noté après inflammation, une substance opioide telle que le fentanyl amplifie les jours suivants son administration non seulement l'hyperalgésie induite par l'acte chirurgical, mais aggrave aussi la tolérance à la morphine en postopératoire. Le développement d'une hyperalgésie conduirait à un changement d'état qui serait lui aussi aggravé par l'administration de fortes doses d'analgésiques opioides durant l'acte opératoire. Ce changement d'état révélé par l'administration de naloxone dans nos expérimentations animales serait associé à une sensibilisation à la douleur. Par une approche électrophysiologique in vivo, nous avons aussi noté que les animaux opérés et comparés à des animaux témoins présentaient à distance de la chirurgie à J1, une réponse accrue à uns stimulation mécanique croissante des neurones WDR de la corne dorsale de la moelle dont le champ récepteur incluait la zone opérée. L'administration de fortes doses de fentanyl peropératoires entraînait une majoration importante de cette mécanosensibilité des neurones WDR. D'un point de vue thérapeutique, chez l'animal, nous avons testé l'administration à peropératoire d'agent anti-NMDA comme la kétamine, le protoxyde d'azote et le sévoflurane. Les deux premiers agents, kétamine et protoxyde d'azote, se sont révélés capables de réduire non seulement l'hyperalgésie postopératoire induite par les fortes doses de fentanyl utilisées en peropératoire, mais aussi la tolérance aigue à la morphine en postopératoire. Chez l'homme, en chirurgie digestive, notre étude révèle que l'administration per et postopératoire de kétamine pouvait aussi réduire non seulement l'intensité et l'extension de l'hyperalgésie péricicatricielle, mais aussi diminuait la consommation totale de morphine sur 48 heures postopératoires.