De la dialectique hegelienne à la tragédie nietzscheenne dans l'histoire
Auteur / Autrice : | Nora Meziani-Fenineche |
Direction : | Plinio Walder Prado Junior |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Franche-Comté. UFR des Sciences du langage, de l'homme et de la société |
Résumé
Dans la configuration de la conscience historique du dix-neuvième siècle, Nietzsche note une désagrégation de la métaphysique en tant que théologie. Mais l'unique autorité qu'était la métaphysique, cède la place à d'innombrables ''thèismes'', à une multitude de croyances comme un effet à retardement de l'habitude des autorités absolues. A cet effet, la créativité tragique, moment de nostalgie de la Grèce antique qui a créé la tragédie fait jaillir les nouvelles valeurs qui érigeront désormais l'humanité : l'Eternel Retour, le Surhomme et la Volonté de Puissance. Nietzsche se propose de ''renverser le platonisme'', c'est-à-dire l'idéalisme métaphysique qui s'est développé, depuis Platon, au principe non seulement de la philosophie, mais de l'ensemble de la culture qu'elle fonde comme entreprise contre nature d'idéalisation rationnelle du réel. La métaphysique essentiellement idéaliste en tant que critique de la réalité naturelle de l'être au nom de l'idéal rationnel de l'esprit, s'achève et s'accomplit avec la Science philosophique de Hegel, où l'Esprit absolu s'éternise à la fin de l'histoire du monde. Alors, tandis que la ''sagesse'' hégélienne assume la négativité d'une raison dialectique de l'être, la ''folie'' nietzschéenne est de rejeter ce nihilisme au nom d'une affirmation tragique de l'être sans raison. Aux antipodes de la Science hégélienne de l'Esprit, l'Art nietzschéen de la nature serait-il mieux à même d'assurer le salut final de l'humanité grâce à sa soumission à une surhumanité, à une élite surhumaine de l'humanité, d'hommes libres créateurs de l'avenir, d'individus souverains maîtres de leur destin, fine fleur d'une culture violemment sélective, artistico-aristocratique ? Certainement pas, car sinon, pourquoi la chute dans l'historicité décadente où triomphent les esclaves et leur faiblesse, pourquoi le devenir- réactif des forces, le devenir-nihiliste de la volonté, pourquoi le progrès de la décadence, c'est-à-dire le progrès de la culpabilité, du ressentiment, de la mauvaise conscience et de l'idéal ascétique. . . Si tout allait pour le mieux avec le paganisme primitif ? Il n'y a pas de salut définitif, mais seulement temporaire, transitoire, passager ; le déclin est destin, comme l'essor, et il faut l'aimer comme tel, aimer jusqu'au malheur, à la souffrance et à la mort – ''Amor fati'' ! Ainsi n'est-il pas de retour éternel sans éternel départ, pas de réaparition-réunion sans désunion-disparition, pas d'aurorale répétition sans différence crépusculaire. A travers sa ''philosophie au marteau'', sa philosophie critique qui se propose de ''renverser le platonisme'', Nietzsche, ne serait-il pas, comme le prétend Heidegger, le dernier métaphysicien, l'ultime et suprême nihiliste ? Voilà, en résumé, le contenu et la problématique de cette thèse qui comprend deux parties, l'une consacrée à l'analyse de la pensée nihiliste ''négatrice'' (dialectique), l'autre à la création ''affirmatrice'' (tragédie), selon deux grandes écoles philosophiques : l'école allemande représentée par Martin Heidegger, et l'école française représentée par Gilles Deleuze. Quant à la conclusion, elle fera l'objet d'un bilan de la confrontation de ces deux grandes interprétations de Nietzsche, et de l'état actuel de l'histoire