Auteur / Autrice : | Maryline Dejean |
Direction : | Jacques Gilard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études sur l'Amérique latine |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
De longue date cher au cœur des lettres cubaines, dès le XIXème siècle avec la poésie créoliste, le guajiro , petit paysan blanc cubain, continue à susciter l'engouement d'une certaine catégorie d'écrivains de nos jours encore. Cette figure persistante s'est maintenue au fil du temps, superficiellement modifiée selon les circonstances par des auteurs qui en ont fait la figure de proue de l'idéologie créoliste. Ainsi, malgré les profonds changements que connaît le monde rural à partir de 1959, l'image de ce paysan demeure sensiblement la même dans le récit révolutionnaire, héritage à la fois du costumbrisme du XIXème et du réalisme critique de la période républicaine. Ce maintien est révélateur d'une conception de la société cubaine qui intègre peu les évolutions et envisage toujours l'identité nationale comme essentiellement créole. La construction de cette figure relève donc d'une forme de stratégie visant à maintenir aujourd'hui encore une identité cubaine centrée sur l'élément blanc, identité tenant un rôle déterminant dans les orientations politiques. Symbole à la fois national et politique, l'image du guajiro construite par les auteurs ruralistes permet d'une part d'assurer la propagande d'un régime révolutionnaire qui choie ses paysans, mais d'autre part elle perpétue aussi l'idéologie créoliste et contribue ainsi au maintien d'un racisme latent à l'égard de la population de couleur.