Connaissement du monde : multiplicité, exhaustivité, totalité dans l'oeuvre de Georges Perec
Auteur / Autrice : | Jean-Luc Joly |
Direction : | Bernard Magné |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres modernes |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Quoique inlassablement affrontée, pour des raisons tout autant autobiographiques qu'anthropologiques, politiques que littéraires, à la question de la totalité, l'œuvre de Perec est rarement abordée sous cet angle, peut-être en raison de la dévaluation actuelle d'un terme indûment associé à totalitarisme, ou de l'emprise de la doxa dysphorique contemporaine. Pourtant, cette œuvre euphorique dans ses ressorts profonds ne cesse, contre le manque, de poser le problème de la multiplicité du réel dans le secret espoir de l'entamer par l'écriture. Inaccessible, la totalité ''substantielle'' s'y laisse alors apprivoiser sous une forme ''relationnelle'' (à la fois relative et reliée à l'absolu), accommodation nécessaire pour que la totalité, d'utopie paralysante, dépassée, voire dangereuse qu'elle était devenue, se change en vecteur heuristique (promesse de retrouvailles avec le sens ou de mémoire continue), et en moyen d'un réalisme renouvelé. De la tentative ''réaliste-critique'' ou de la rémanence infra-ordinaire d'une expression immédiate, aux solutions médiatisées de la maturité (contrainte, autobiographie, romanesque, totalité par l'œuvre, l'intertextualité ou la réception), en passant par diverses expérimentations dans la littérature et hors d'elle, l'œuvre se construit peu à peu dans un dialogue avec un impossible que des exhaustivités ou des programmes réussis rendent accessible à la représentation, réaffirmant les pouvoirs de l'écriture. Ainsi rendue à quelque forme de transcendance textuelle où la modestie et la concrétude jouent cependant leur rôle, l'œuvre de Perec trouve par la totalité son unité et la cause probable de son actuelle mythisation comme matrice d'un réalisme moderne. D'œuvre née dans l'''ère du soupçon'' (N. Sarraute), elle devient alors pilier de celle de l'''épilogue'' (G. Steiner).