Le Corps des dieux grecs : conventions et modes de représentation
Auteur / Autrice : | Olivier Verdon |
Direction : | Gérard Siebert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Archéologie classique |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'anthropomorphisme de la religion grecque pose la question des codes iconographiques et des moyens stylistiques mis en œuvre par les artistes pour représenter le corps des dieux construit le plus souvent (mais pas exclusivement) sur le modèle du corps humain. Hors norme, si l'on part d'une vision classicisante de l'Antiquité, apparaissent d'emblée certaines catégories de figuration : les monuments aniconiques du divin, comme les '' pierres rudes '' d'Achai͏̈e et d'Arcadie, images d'Hermès ; pour le même dieu (mais aussi pour Dionysos), les formes semi-iconiques du pilier et du mannequin, combinaisons d'un support géométrique avec une tête, un masque, un phallus ; ce dernier, en devenant gigantesque, circonscrit à lui seul le corps d'Hermès et de Dionysos ; les visions proprement tératologiques de certains dieux grecs et les phénomènes d'hybridation zoo/anthropomorphe, sans que les concepts d'hybridation et de monstruosité se laissent confondre (Eros ou Nikè ne sont pas des monstres). Touchant aussi au corps animal des dieux, la question des métamorphoses soulève une problématique liée à la spécificité du langage figuré (plastique ou pictural) et du langage littéraire. Ce dernier étant d'une souplesse et d'une richesse qui lui permettent de traduire le corps des dieux d'une manière plus complexe et plus analytique et même de le visualiser dans l'imaginaire du lecteur, alors que les arts figurés ne savent montrer ce processus que par une série de formules plutôt sommaires et répétitives. Mes recherches ont montré qu'il y a, en Grèce, dieux et dieux. Autant les grandes figures de l'Olympe, après une période de tâtonnement, acquièrent une forme canonique, autant des personnalités divines moins intégrées dans le panthéon, présentent un corps plus incertain. Le corps des dieux grecs ne forme pas un ensemble constitué et homogène. Il est sujet à des variations qui sont de plusieurs ordres : régionales (on découvre par Pausanias des divinités fort éloignées des modèles attiques) ; chronologiques (les dieux d'Homère et des arts figurés du haut archai͏̈sme ne sont pas ceux d'Apollonios de Rhodes et des sculpteurs pergaméniens) ; génériques aussi, dans la mesure où la sculpture, art religieux et politique, et la peinture de vases, dont les fonctions sont narratives et ornementales, n'ont pas les mêmes visées et n'obéissent pas aux mêmes contraintes techniques.