La reconnaissance des visages chez les primates humains et non humains
Auteur / Autrice : | Valérie Dufour |
Direction : | Odile Petit, Olivier Pascalis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et biologie des organismes et des populations. Éthologie |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008) |
Mots clés
Résumé
Chez les primates, le visage s'organise de manière assez similaire avec deux yeux, un nez et une bouche disposés dans un ovale. Dès lors on peut se demander si le système de traitement des visages chez les primates humains et non humains pourrait avoir une origine évolutive commune. Pour répondre à cette question, nous avons vérifié‚ la capacité‚ de sujets humains et de trois espèces de primates non humains à reconnaître des visages de leur propre espèce et d'une autre espèce que la leur. Chez l'être humain, nous avons montré‚ que les humains reconnaissaient mieux les visages d'humains et de primates non humains que des visages de moutons lorsqu'ils recevaient une instruction de reconnaissance (dans un test de choix forc‚). Cependant, dans un test de reconnaissance spontanée les humains discriminent l'un de l'autre des visages d'humains, ce qui n'est pas le cas pour les visages d'autres espèces de primates. De plus, nous avons étudié le rôle de l'expérience dans la reconnaissance des visages d'une autre espèce chez l'homme. En effet, la littérature rapporte que les humains traitent préférentiellement la configuration des visages, c'est-à-dire la relation entre les traits du visage plutôt que chaque trait du visage de manière isolée. Ce traitement configural serait permis grâce à l'expérience acquise pour les visages. Des experts en primatologie se sont révélés plus performants dans le traitement des visages de primates non humains comparés à des non experts. Ils traitaient mieux les visages d'humains que les visages d'une autre espèce de primate. La reconnaissance des visages est donc spécifique de l'espèce chez l'homme. Avec des tests de reconnaissance spontanée nous avons mis en évidence une espèce spécificité comparable chez des macaques de Tonkéan, des macaques de Java et chez des capucins bruns. Une analyse de la configuration des visages de plusieurs espèces de primates a révélé qu'une ou deux variables configurales (telle que la distance entre la base du nez et le menton par exemple suffisaient à caractériser un visage au niveau de l'espèce. La différence dans la configuration des visages d'une espèce de primate à l'autre peut-être l'un des éléments qui empêche le système de reconnaissance de traiter ces visages aussi efficacement que les visages de sa propre espèce. Notre travail permet de considérer que le système de reconnaissance des visages de l'ancêtre commun aux primates pourrait avoir été suffisamment élaboré pour permettre encore aujourd'hui une reconnaissance efficace et espèce spécifique pour les espèces actuelles.