La reconnaissance des visages chez les primates humains et non humains

par Valérie Dufour

Thèse de doctorat en Physiologie et biologie des organismes et des populations. Éthologie

Sous la direction de Odile Petit et de Olivier Pascalis.


  • Résumé

    Chez les primates, le visage s'organise de manière assez similaire avec deux yeux, un nez et une bouche disposés dans un ovale. Dès lors on peut se demander si le système de traitement des visages chez les primates humains et non humains pourrait avoir une origine évolutive commune. Pour répondre à cette question, nous avons vérifié‚ la capacité‚ de sujets humains et de trois espèces de primates non humains à reconnaître des visages de leur propre espèce et d'une autre espèce que la leur. Chez l'être humain, nous avons montré‚ que les humains reconnaissaient mieux les visages d'humains et de primates non humains que des visages de moutons lorsqu'ils recevaient une instruction de reconnaissance (dans un test de choix forc‚). Cependant, dans un test de reconnaissance spontanée les humains discriminent l'un de l'autre des visages d'humains, ce qui n'est pas le cas pour les visages d'autres espèces de primates. De plus, nous avons étudié le rôle de l'expérience dans la reconnaissance des visages d'une autre espèce chez l'homme. En effet, la littérature rapporte que les humains traitent préférentiellement la configuration des visages, c'est-à-dire la relation entre les traits du visage plutôt que chaque trait du visage de manière isolée. Ce traitement configural serait permis grâce à l'expérience acquise pour les visages. Des experts en primatologie se sont révélés plus performants dans le traitement des visages de primates non humains comparés à des non experts. Ils traitaient mieux les visages d'humains que les visages d'une autre espèce de primate. La reconnaissance des visages est donc spécifique de l'espèce chez l'homme. Avec des tests de reconnaissance spontanée nous avons mis en évidence une espèce spécificité comparable chez des macaques de Tonkéan, des macaques de Java et chez des capucins bruns. Une analyse de la configuration des visages de plusieurs espèces de primates a révélé qu'une ou deux variables configurales (telle que la distance entre la base du nez et le menton par exemple suffisaient à caractériser un visage au niveau de l'espèce. La différence dans la configuration des visages d'une espèce de primate à l'autre peut-être l'un des éléments qui empêche le système de reconnaissance de traiter ces visages aussi efficacement que les visages de sa propre espèce. Notre travail permet de considérer que le système de reconnaissance des visages de l'ancêtre commun aux primates pourrait avoir été suffisamment élaboré pour permettre encore aujourd'hui une reconnaissance efficace et espèce spécifique pour les espèces actuelles.

  • Titre traduit

    Face recognition in human and non human primates


  • Résumé

    In primates, faces share strong similarities with two eyes, a nose and the mouth arranged similarly in face. Do primate share a common face recognition system ? Does this system allow a recognition of their own species only, or does it allow to discriminate between faces of other species ? We studied face recognition capacities in four primate species : humans, tonkean macaques, long-tailed macaques and brown capuchin monkeys. Using a forced choiced task, we have shown that humans performed better in recognition of human and non human primates compared with recognition of sheep faces. However, ability to recognise other primate faces was poor when the tests conditions became harder or in passive viewing task. In addition we tested the role of expertise in the recognition of faces of other species in humans. Literature reports that face recognition may be dependent of the experience with the stimuli, that is, experience would give the ability to treat the configuration of the face. Primatologists revealed strong abilities in recognition of non human primate faces in forced choice recognition task, but they recognised only human faces in passive viewing task. Thus, face recognition is species specific in humans. A similar species specificity was revealed in passive tasks with Tonkean macaques, longtailed macaques, and brown capuchin monkeys. We concluded that the automatic processes involved in face recognition in primates are species specific. A morphometric analyses of the configuration of the stimuli showed that faces can be discriminated at the species level with one or two morphological variables only, suggesting that the face recognition system may use these configural information to engage face recognition or not. As the four species showed the same pattern of species specificity, we conclude that the ancestral simian form may have already need the elaborated face recognition system and may therefore has been a highly social species.

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Informations

  • Détails : 1 vol. (182 p.)
  • Notes : Publication autorisée par le jury
  • Annexes : Bibliogr. p.166-178

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  • Disponible pour le PEB
  • Cote : Th.Strbg.Sc.2004;4523

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  • PEB soumis à condition
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