Réception britannique et française du poète indo-anglais Rabindranath Tagore (1912 -1930) : utilisation d'un symbole et genèse d'un mythe
Auteur / Autrice : | Fabien Chartier |
Direction : | Étienne Galle, Émilienne L. Baneth-Nouailhetas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anglais |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Résumé
Le destin de Tagore est scellé en 1913 lorsqu'il remporte le Prix Nobel de Littérature pour un recueil de poésies trans-créées du bengali en anglais et révisées par Yeats. En Grande-Bretagne et en France, où il se rend à plusieurs reprises, rencontrant d'illustres confrères et enchaînant les conférences, il acquiert une solide réputation. Son œuvre suscite une réaction ambivalente de fascination et de répulsion, qui, après une couverture médiatique sans précédent pour un auteur asiatique, se confirme à l'extérieur des cercles élitistes. La division entre les partisans du poète et ses opposants participe à un clivage plus général dont les thèmes sont l'Orient mystérieux, mystique et spirituel, qui intrigue alors les intellectuels, la synthèse Est-Ouest promue précisément par Tagore et la colonisation qui subit les remous consécutifs au sursaut des nationalistes indiens. Les sentiments contrastés que Tagore éveille relèvent moins de la littérature que de l'idéologie et de la politique en cette période complexe où l'humanité va s'engager dans deux guerres mondiales et se soumettre aux dictatures, et où l'Inde, emmenée par Gandhi, recherche son indépendance. De 1912 à 1930, Tagore, écrivain, éducateur et artiste, devient un homme public dont on déforme volontiers les propos, que l'on tente de manipuler à des fins militantes et qui peut ainsi paraître contradictoire. Entre le symbole et le mythe, le rationalisme et le mysticisme, son aura a pénétré la mémoire collective avec plus ou moins de bonheur : encore vivace au Bengale, elle a cessé de charmer une France qui s'est donné peu de moyens de la raviver.