Philosophie et médecine : le discours sur la maladie au cours de la seconde moitié du dix-huitème siècle : esquisse d'une anthropologie médicale
Auteur / Autrice : | Gilles Barroux |
Direction : | Francine Markovits Pessel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les divisions de l'article MEDECINE dans l'Encyclopédie sont l'occasion d'une redéfinition des différentes disciplines médicales. La portée de ces nouvelles déterminations est épistémologique, sociale, morale et politique. Les lectures de la maladie et les pratiques médicales constituent les deux thématiques principales. L'analyse des traditions sémiologiques, nosologiques, mais aussi des développements de l'anatomie et de l'anatomo-pathologie, conduit à dresser une carte sans cesse renouvelée du corps malade. La pensée médicale évolue entre une conception épidémique de la maladie, héritée de l'Antiquité et un travail d'individualisation : repérer chaque sorte de maladie, quelles populations, quels individus sont susceptibles de les contracter. Pourtant, les conditions d'une réelle étiologie ne sont pas réunies, ce que montre l'exemple des fièvres. Rendre compte des pratiques médicales, c'est rendre compte d'un conflit : dénonçant les empiriques, la médecine reste elle-même suspendue à un empirisme qu'elle ne peut réellement dépasser. Expérience reste un terme ambivalent, jouant un rôle essentiel dans la constitution d'une identité de la médecine, avec l'exemple de la clinique, mais aussi celui du développement de nouvelles pratiques, comme l'inoculation. Enfin, cette même période voit l'émergence d'une médecine sociale, médecine de la régénération, qui s'exprime à travers le thème de l'hygiène. Entre prudence hippocratique, gouvernance morale et institution sociale : l'hygiène réfléchirait presque à elle seule, la situation historique et épistémologique de la médecine de ce siècle. La philosophie médicale de cette deuxième moitié du dix-huitième siècle réélabore les concepts de causalité, de limite de rapport, mis en oeuvre dans d'autres sciences, exprimant une démarche épistémologique appliquée à l'homme.