La médecine chez Sade : de ''La nouvelle Justine'' à l'''Histoire de Juliette'' : disséquer la vie, narrer la mort
Auteur / Autrice : | Armelle St-Martin |
Direction : | Béatrice Didier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Résumé
Les deux romans du marquis de Sade, La Nouvelle Justine et l'Histoire de Juliette, s'ordonnent sur les deux aspects de la médecine telle qu'elle existe au dix-huitième siècle. La médecine se fait d'abord discours théorique, une des manifestations de ce savoir concerne les questions liées à la vie. Mais la médecine des Lumières comporte aussi une praxis qui côtoie, dans sa manipulation des corps, la maladie et la mort. La Nouvelle Justine réactualise le débat sur la vie, son origine et son développement, dans l'espace de la dissertation philosophique. Celle-ci entreprend une dissection des organes génitaux, accorde une attention particulière aux cas tératologiques, prend position sur l'origine de l'embryon et élabore une théorie du développement humain de l'enfance à la vieillesse. La dissertation, espace figé, acquiert un dynamisme par la nature médicale de ces questions et par l'approche subversive adoptée par Sade. L'Histoire de Juliette offre la mise en scène d'une médecine pratique dans laquelle la mort sert de moteur à la narration. Les éléments phares de la médecine clinique sont décontextualisés pour transformer la mort en spectacle, enrayant ainsi sa monotonie. La technique médicale, qu'elle prenne la forme d'une recherche des signes vitaux ou de machines ou d'instruments chirurgicaux, la pathologie des humeurs, la médecine climatiste et les fièvres sont ces plateformes narratives.