L'écriture en marge dans l'œuvre de Diderot
Auteur / Autrice : | Franck Cabane |
Direction : | Pierre Chartier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres, sciences humaines et sociales |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Résumé
On peut constater que Diderot a composé des commentaires étoffés en marge de certains ouvrages philosophiques, ceux d'Helvétius et d'Hemsterhuis en particulier, qu'il a aussi multiplié les additions en marge de ses propres écrits et développé des annotations marginales dans plusieurs textes, par exemple dans sa traduction de l'Inquiry de Shaftesbury. Si des études locales ont été proposées sur ces sujets, aucune étude d'ensemble n'a été jusqu'à maintenant engagée. Le présent travail se donne pour but de dégager les lignes de partage et les points de cohérence de l'écriture marginale de Diderot à partir d'un corpus qui rassemble une partie importante de sa production, dans les domaines linéraire, philosophique et encyclopédique, et qui couvre une période historique large, qui va de la publication de ''l'essai sur le mérite et la vertu'' en 1745 à ''l'essai sur les règnes de Claude et de Néron'' en 1782 - jusqu'aux ultimes retouches de l'opus en 1784. L'examen porte autant sur le seuil ou les seuils des ouvrages de Diderot que sur les éléments d'expansion et de discontinuité qui sont mis en travail dans son opus. Nous avons analysé divers aspects de l'écriture marginale : tracé de l'écriture, poétique des marginalia, écritures philosophiques croisées, travail à double main aux confins de ''l'Encyclopédie'', déclinaisons additionnelles et pratiques, à tous égards emblématiques, du supplément. De l'examen du seuil de l'œuvre à l'analyse de sa mobilité interne et externe, mixte d'expansion et de discontinuité, nous avons tenté d'éclairer les moments importants de captation de la pensée des autres et les aspects majeurs de la reprise interne de textes déjà formés. Diderot écrit en marge des autres mais il écrit aussi en marge de lui-même, pour jouer au fond des limites du même et de l'autre qui se retrouvent et se fondent dans une forme singulière d'athéisme qu'Emmanuel Levinas définissait comme «absolu épuré de la violence du sacré».