Crise de l'Etat, jeunesses urbaines et invention du politique au Sénégal : de 1980 à nos jours

• Auteur / Autrice : Ibrahima Mbodj
• Direction : Miguel Abensour
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
• Date : Soutenance en 2004
• Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

Mots clés contrôlés

Politique et gouvernement -- Sénégal -- 1981-2000

Démocratie

Culture politique

1970-....

Sénégal

Jeunes en milieu urbain

Résumé

Le Sénégal a subi depuis la fin des années 1980 les conséquences sociales et politiques des Programmes d'ajustement structurel. La crise de l'Etat et ses rapports avec celle du politique et finalement de la démocratie apparaît ainsi comme une toile de fond. Dès lors, la construction de l'hégémonie politique de Abdou Diouf à partir de 1981 s'est constamment heurtée à des franges de la société sénégalaise, globalement la jeunesse urbaine, qui contestent les orientations politiques et économiques du régime socialiste. Acteur politique majeur des années 1980-90, elle s'est particulièrement distinguée par son activisme dans le champ de la contestation sociale et politique comme accélérateur d'un processus d'invention ou de réhabilitation du politique au Sénégal. C'est cette hypothèse que l'on examine ici en prenant comme point de départ les événements post-électoraux de 1988. Pourtant au fil de notre recherche, il est apparu dans les dynamiques politiques du Sénégal des années 1980 un fait autrement plus déterminant que l'action de la jeunesse urbaine : il s'agit d'un fait social et politique nouveau dont rend compte ce que nous appelons ''l'atmosphère du sopi'' qui restitue ce bouillonnement politique et social - cette défiance continue de certains groupes face au pouvoir politique, en bref, une nouvelle culture politique démocratique. Renforcée par deux mutations majeures dans la société sénégalaise - une accélération du processus d'individualisation et un affaiblissement de l'impact du ndige͏̈l confrérique - l'intensité de cette ''atmosphère du sopi'', portée surtout par la jeunesse urbaine, apparaît ainsi comme un facteur d'accélération de la dynamique de l'invention du politique au Sénégal.

Senegal has been suffering from the social and political consequences of Structural Adjustment Programs since the end of the eighties. The State crisis and ultimately its relationship with democracy appear as a backdrop. Therefore the implementation of Abdou Diouf's political hegemony from 1981 has been constantly fought by certain groups of the Senegalese society, mainly the urban youth, who has challenged the political and economic orientations of the socialist regime. As a major political actor of the eighties and nineties, the urban youth has particularly distinguished itself by its activism within the social and political contestation arena and as a booster in a process for the invention or the rehabilitation of politics in Senegal. We examine that hypothesis with the post-electoral events of 1988 as a starting point. However, during our research, a more decisive fact than the action of the urban youth has appeared in the dynamics of Senegalese politics in the eighties : it is a new social and political event designated by what we call the ''sopi atmosphere'', which is a social and political ferment - that permanent challenge by certain groups against the political power, in short a new democratic political culture. Strengthened by two major changes in the Senegalese society - a speeding-up of the process of people becoming more individual and a weakening of the impact of the brotherhood ndige͏̈l - the intensity of that ''sopi atmosphere'', carried mainly by the urban youth, appears as a factor that has speeded up the dynamics of the invention of politics in Senegal.