Thèse soutenue

L'avènement d'une poétique romanesque au XVIIe siècle : discours théorique et constitution d'un genre littéraire (1641-1683)

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Auteur / Autrice : Camille Esmein-Sarrazin
Direction : Gérard Ferreyrolles
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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La pratique romanesque connaît d'importantes transformations dans les années 1660 : la forme se simplifie, la matière se fait plus proche du lecteur. Aux grands romans héroi͏̈ques succèdent des formes raccourcies : ''petits romans'', ''histoires'', ''nouvelles''. Au même moment sont publiés de nombreux textes qui cherchent à définir et à codifier le roman. Ils enregistrent ces mutations ainsi que les différences entre grands et petits romans, qu'ils mettent au compte d'un changement de genre (du roman à la nouvelle). Ils fondent ainsi une théorie du tournant. Cette construction orientée invite à s'interroger sur le lien entre la pratique romanesque et la poétique qui se fait jour alors, telle qu'elle apparaît dans l'ensemble des discours théoriques du 17e s sur le roman. Dans la première moitié du siècle, l'entreprise de théorisation est sous-tendue par un dessein apologétique : la nécessité de définir le roman face à ses détracteurs fait de tout écrit un discours pour ou contre le roman. Puis la fortune du roman, la légitimation qu'il acquiert et surtout le genre littéraire qu'il constitue désormais aux yeux des lecteurs engagent une réflexion sur le statut et les enjeux de la fiction. On peut ainsi parler de l'avènement autour de 1660 d'une poétique romanesque. Cette poétique, qui est moins un code qu'une réflexion sur l'effet à produire, envisage pour la première fois le roman en termes génériques. Le genre dans son ensemble connaît donc une mutation rhétorique et éthique plutôt qu'esthétique : l'''art de l'éloignement'' en vigueur cède la place à un art de l'illusion qui modifie le statut de l'auteur et du lecteur ainsi que les enjeux idéologiques et moraux de la lecture.