Thèse soutenue

Ipséité et réalité dans la pensée de Thomas Hobbes

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Auteur / Autrice : Arnaud Milanese
Direction : Pierre-François Moreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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En-deçà de la fondation de la science, la pensée de Thomas Hobbes prend d’abord ses racines dans une problématisation de la réalité. Si l’on feignait, dit-il, l’anéantissement de toutes choses, à l’exception d’un homme, il lui resterait ce qu’il a perçu des choses, les phantasmes, qui n’apparaîtraient pas moins comme extérieurs. De cette expérience de pensée résultent que le soi et le monde procèdent d’une confusion première, et que leur distinction est le fruit de l’expérience. En effet, c’est seulement à partir de ce questionnement que l’extériorité se manifeste comme corporelle, nécessaire et animée de mouvements, parce que l’espace n’est rien d’autre que l’apparence d’extériorité, et l’intériorité comme temporalisation de l’expérience, parce que l’image de l’espace intérieur vise le devenir obscur des phantasmes perçus. Ce n’est pourtant pas retrouver une séparation de l’esprit et du monde : le soi ne se constitue que par l’expérience, de telle sorte que c’est le désir, constituant le soi comme corps, qui anime la temporalisation. Cette place du désir dans l’organisation du soi établit une continuité entre le soi et le réel qui fonde une pensée de la nature, c’est-à-dire d’une réalité homogène et subie, quoique l’ordre naturel n’est le plus souvent, comme le finalisme l’illustre, que la transposition, dans les choses, de l’ordre du désir. Enfin, ce rapport de distance temporelle, par l’inhérence même du corps sentant, permet à Hobbes de penser la possibilité pour l’homme de transformer le réel : cette distance a pour expression affective la curiosité, engagée dans chaque forme d’artifice. Ainsi, Hobbes pense bien la réalité à partir de l’ipséité qui la perçoit, et l’ipséité à partir de la réalité qui l’engendre. C’est à partir de cette corrélation que Hobbes pense les conditions de la culture humaine.