L' élaboration d'une conviction en contexte d'incertitude cognitive : le choix français de la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage
Auteur / Autrice : | Frédéric Gérard |
Direction : | Raymond Boudon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Comment expliquer l'existence d'une politique publique dans son contenu déterminé? Comment expliquer ses variations au cours du temps? Pour répondre à ces interrogations, nous franchissons le pas qui sépare l'analyse des politiques publiques de la sociologie de l'action publique et nous proposons l'esquisse d'un modèle actionniste. Pour nous, une politique publique est une tentative de bouclage, de la part de décideurs publics, entre le système d'attentes qui assument dans un réseau d'actions publiques déterminé et l'évolution de la réalité que ce réseau prend en charge. Par conséquent, s'ils recourent à un dispositif, c'est parce qu'il existe un écart négatif suffisamment grave entre leur système d'attentes et la réalité, parce qu'ils disposent d'alternatives et que l'une d'elles est perçue comme relativement adéquate à la réduction de cet écart. Lorsque ce dispositif introduit une rupture majeure par rapport au cours de la politique , c'est parce que le système d'attentes public est significativement altéré, soit par impulsion politique, soit par apprentissage. Pour tester ce modèle de ''bonnes raisons'', nous avançons sur le terrain des politiques du temps de travail pour l'emploi. D'un côté, nous procédons à une comparaison rigoureuse et systématique des politiques de ce type menées dans l'Europe des quinze et en Norvège, sur la période 1978-2000, pour en exhiber les causes. De l'autre, dans une monographie française, nous suivons les succés, les échecs et les recompositions d'un projet ''planificateur'' de partage du travail depuis son élaboration, dans les années 1975-1979, jusqu'à sa réalisation, en 1998, sous la forme de la loi Aubry 1 sur les ''35 heures''.